Deux ans de prison, dont dix-huit mois avec sursis, ont été requis vendredi à l'encontre de Mohamed Boudjedi, le recteur de la mosquée de Nanterre, soupçonné d'avoir détourné des centaines de milliers d'euros destinés à la construction d'un nouveau lieu de culte.
Huit autres personnes sont poursuivies : trois responsables de Novolis, la société chargée des travaux, certains de leurs proches et le président de la coordination islamique des Hauts-de Seine, maître d'oeuvre du chantier.
Le parquet a requis des peines de quatre mois avec sursis à trois ans de réclusion à leur encontre.
Les prévenus sont accusés d'avoir détourné une partie de l'argent versé par les fidèles et par l'établissement public d'aménagement de la Défense Seine Arche (Epadesa) à l'Association islamique des religieux de Nanterre.
Mohamed Boudjedi, président de l'association, a détourné au total 530.000 euros, selon le ministère public. L'Epadesa, qui s'était engagé à débourser un million d'euros pour financer le chantier, avait versé une première tranche de 250.000 euros. Les fidèles avaient donné, eux, 280.000 euros. Une partie de ces sommes s'était envolée sur un compte offshore à Chypre. Novolis avait été quelques mois plus tard placée en liquidation judiciaire.
Le recteur "a abusé de la confiance des fidèles, un abus d'autant plus critiquable que ce nouveau lieu de culte était très attendu" par la communauté musulmane, a relevé le parquet.
"C'est en toute bonne foi que mon client a agi. Il était animé par le seul souci que cette mosquée se termine", a assuré son avocate, Leila Houmel.
Mohamed Boudjedi a déjà été condamné en 2012 à 18 mois de prison dont six ferme pour abus de confiance après avoir détourné plus de 20.000 euros de dons de fidèles.
"Je vis de l'argent des fidèles. Cela me sert pour la mosquée, pour moi, mes enfants", a déclaré le prévenu lors de son audition, déclenchant le courroux de la présidente de la 15e chambre du tribunal de Nanterre, Isabelle Prévost-Desprez.: "Une association n'est pas destinée à payer la famille", a fustigé la magistrate, s'interrogeant sur l'origine des nombreuses voitures du recteur, notamment une Jaguar, une Mercedes et une BMW.
"La Jaguar, un cadeau d'un fidèle. De toutes façons, ce sont des vieilles voitures", a réagi Mohamed Boudjedi. Il encourt trois ans de réclusion.
L'Epadesa, unique partie civile dans ce dossier, a demandé 50.000 euros de dommages et intérêts.
Le tribunal rendra sa décision le 2 octobre.