Syndrome du bébé secoué : un père condamné à cinq ans de prison ferme

Le verdict est tombé très tard dans la soirée du vendredi 6 décembre. La Cour d'assises des Hauts-de-Seine a condamné le père d'un nourrisson de deux mois, à cinq ans de réclusion pour l'avoir mortellement secoué fin février 2019.

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Nathanaël K., 43 ans, comparaissait depuis lundi 2 décembre devant la Cour d'assises des Hauts-de-Seine, pour violences par ascendant ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur mineur de 15 ans. Il avait mortellement secoué son nourrisson de deux mois fin février 2019. Le parquet avait requis à son encontre huit ans de prison.

L'homme a reconnu la "violence" du geste mais a nié avoir voulu "faire du mal" à son fils : la cour d'assises des Hauts-de-Seine l'a condamné à cinq ans de réclusion ce vendredi 6 décembre. Il sera incarcéré à une date ultérieure, a précisé la cour.

Les gestes reconnus "sont nécessairement guidés par la volonté d'atteindre physiquement l'enfant pour que cessent ses pleurs (et) ne peuvent constituer des gestes involontaires et maladroits", a tranché le président lors de la lecture du verdict.

Au cœur du procès, le syndrome du bébé secoué, au sujet duquel les pouvoirs publics ont notamment communiqué lors d'une campagne en 2022. L'association Action contre les violences infantiles (Avi) co-fondée par la mère de la victime, Aude Lafitte, avait contribué à cette initiative.

Le verdict rendu ce vendredi soir me fait comprendre que la vie de mon fils Timothée, secoué à mort par son père, ne valait que cinq ans.

Aude Lafitte, mère du nourisson

après la lecture du verdict


"Le verdict rendu ce vendredi soir me fait comprendre que la vie de mon fils Timothée, secoué à mort par son père, ne valait que cinq ans", a réagi Mme Lafitte, qui a assisté au procès. Sur le banc des parties civiles, elle tenait un doudou de lapin blanc perpétuellement serré entre les doigts, pleurant à plusieurs reprises.

"Ce que j'entends à travers cette décision, c'est que la vie d'un bébé de deux mois n'est pas considérée en France, en 2024, aussi importante que la vie d'un adulte", a-t-elle ajouté, disant regretter "une tolérance de la société à l'égard de ces violences".

"Ni négligence, ni maladresse"

Lors de son procès, Nathanaël K. a évoqué la piste de "l'accident" en raison de "l'accumulation de la fatigue, de l'anxiété, des mauvais choix". Fin février 2019, Nathanaël K. arrive aux urgences avec son fils de deux mois, Timothée, qu'il gardait alors que sa mère était partie à un rendez-vous médical, expliquant qu'il aurait fait un malaise.

Alors que son fils est encore hospitalisé, le père disparaît, annonce vouloir se suicider, avant de revenir finalement à l'hôpital. Après avoir menti, il confessera avoir secoué son fils "deux ou trois secondes pour qu'il se taise". Celui-ci décédera quelques jours plus tard, les médecins n'ayant pu le sauver.

Lors de l'audience, hagard, Nathanaël K. s'excuse, reconnaît les faits et évoque "trois ou quatre mouvements" sur une durée entre "cinq et dix secondes", mimant un secouement de haut en bas.

"La justice n'a que trop tardé dans ce dossier", a déploré l'avocate générale qui avait requis huit ans de réclusion. Pour elle, il "n'y a eu ni négligence ni maladresse de la part de l'accusé (mais) un acte de violence positif qui a conduit à la mort de son enfant". Des violences qui "représentent la pire des trahisons, de la confiance évidente qu'on place dans (...) un papa, qui ne devrait être là que pour protéger", selon Me Céline Lasek, avocate de Mme Lafitte.

Le bébé secoué est l'une des maltraitances les plus mortelles pour un nourrisson, décédant des suites des secouements dans plus de 10% des cas selon la Haute autorité de santé (HAS). La HAS estimait en 2023, à partir d'études réalisées à l'étranger, que ces violences frappent entre 15 et 56 enfants sur 100 000 par an. Dans ce dossier, l'accusation, les experts interrogés et la défense ont été unanimes concernant ce diagnostic.

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