En région parisienne, l'incidence du syndrome du bébé secoué a doublé et sa mortalité a été multipliée par neuf pendant la pandémie de Covid-19, selon une étude menée notamment par l'hôpital Necker.

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Les équipes de recherche de l'hôpital Necker-Enfants malades de l'AP-HP, et de l'Université Paris Cité associées à l'Inserm ont analysé l'évolution de l'incidence et de la gravité du syndrome du bébé secoué (SBS) chez les nourrissons de la région au cours des deux premières années de la pandémie de Covid-19 en 2020-2021, par rapport à la période pré-pandémique, 2017-2019. Et le constat est alarmant : les décès ont été multipliés par 9.

"Il y a eu une augmentation de la traumatologie de l'enfant", pendant les confinements, a expliqué mercredi sur franceinfo Thomas Blauwblomme, chef du service de neurochirurgie pédiatrique à l’hôpital Necker et co-auteur de l'étude.

Sur 99 bébés examinés par les équipes médicales, les signes de gravité des violences infligées étaient très fréquents : 87% avaient une rupture des veines ponts (qui relient le cerveau à la paroi interne du crâne), 75% des hémorragies rétiniennes, 32% des fractures, 26% un état de mal épileptique, et 13% sont décédés.

Des traumatismes au long cours

Le SBS est la forme la plus grave de maltraitance et de négligence envers les enfants et la cause la plus fréquente de décès traumatique chez les nourrissons dans les pays à hauts revenus.

Les formes non mortelles du SBS ont des conséquences sur le développement des enfants à long terme tel que des troubles neurodéveloppementaux, épilepsie, déficiences motrices et visuelles, troubles du langage, déficience intellectuelle et anomalies du comportement,  entraînant un handicap à vie.

Bébés secoués et confinement ?

Des inquiétudes avaient été exprimées très tôt par la communauté scientifique, médicale et sociale sur un risque "d'explosion" de l'incidence de la maltraitance et des négligences envers les enfants, notamment le SBS, suite à la pandémie de Covid-19 et aux mesures de confinement, rappellent les auteurs de l'étude.

Pour les équipes de recherche, le fait que cette augmentation massive de SBS ne se soit pas produite pendant la première année de la pandémie où les mesures de confinement et d'atténuation étaient maximales, mais pendant sa deuxième année, pourrait s'expliquer par une accumulation de la détresse psychosociale.

Selon, le chef du service de neurochirurgie pédiatrique, "la période d'isolement social" vécue pendant les confinements successifs a montré "qu'il y avait un retentissement psychologique sur les adultes".  

Sensibiliser à l'échelle nationale

Face à ce syndrome, Thomas Blauwblomme plaide pour une plus forte sensibilisation. "Ce qu'il faut comprendre, c'est que la tête du bébé est très lourde par rapport au reste de son corps. Si l'on compare aux adultes, la tête de l'enfant est très développée et les muscles de la colonne vertébrale sont très hypotoniques, très faibles par rapport à nous."

Pour les personnes qui s'occupent des bébés, il conseille notamment "de ne pas secouer de son enfant, même si on est énervé, même s'il pleure. Il faut se calmer, poser son enfant et aller faire quelque chose d'autre". "Quelles que soient les circonstances, pas de geste déplacé sur un nourrisson", ajoute Thomas Blauwblomme qui plaide pour une "éducation à l'échelle nationale pour dire, ne secouez pas votre enfant". 

L'étude sur ce syndrome a été publiée dans la revue JAMA Network Open.

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