Une entrée et un yaourt : à la cantine d'un collège, des élèves ne mangent pas à leur faim

Pour le déjeuner, les élèves du collège Paul Éluard de Châtillon (Hauts-de-Seine) sont répartis en deux services. Or, selon une association de parents d'élèves, ceux qui arrivent à la fin du deuxième service n'ont, régulièrement, plus rien à manger.

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Au collège Paul Éluard de Châtillon, il vaut mieux arriver avant la fin du service à la cantine. "Normalement, il doit y avoir deux plats chauds proposés. Et pour les enfants du deuxième service qui arriveraient à la fin, il arrive souvent qu'il n'y ait plus de plats chauds qui soient proposés, ou bien il manque une entrée, un dessert. Des enfants se retrouvent parfois avec un plateau sans plat principal, ou sans entrée, sans dessert", regrette Lucie Mondoulet, représentante de la Fédération des Conseils de Parents d'Élèves (FCPE) au collège Paul Éluard.

Le collège Paul Éluard sert des repas à 400 élèves chaque midi. Il manquerait, selon les jours, des éléments du repas pour vingt à quarante élèves.

Des raviolis en boîte "qui ne ressemblent à rien", de la viande hachée avec "un mélange à côté, on se demande ce que c'est" ou des haricots verts qui baignent dans l'huile : la quantité servie ne semble pas être le seul problème.

"L'aspect qualité est très variable. Quand nous nous sommes rendus à la cantine, honnêtement, on n'aimerait pas et on n'oserait pas servir ça à des enfants. Beaucoup rapportent que les plats n'ont souvent pas de goût, ne sont pas bons", poursuit cette mère d'un élève.

À 7 euros le plateau pour les tranches les plus hautes, les repas n'ont pas de saveur pour les enfants, et un goût amer pour les parents.

Une situation qui dure depuis plusieurs années

Dans un courrier envoyé au département en mars dernier, la FCPE dénonce, photos à l'appui, la situation dans cet établissement. Premier exemple : le vendredi 22 mars, les élèves devaient pouvoir choisir entre une pizza ou un plat composé de sardines et d'une macédoine. Forcément, les élèves du premier service s'étant jetés sur les pizzas, ceux du deuxième service ne les ont jamais vues. Et les derniers arrivés n'ont eu le droit qu'à … de la salade et un dessert.

Dans un deuxième rapport de la FCPE datant de septembre 2023 et envoyé à la direction du collège, les parents constatent quelques améliorations (par exemple, "les haricots verts ont du goût"), mais pointent toujours le manque d'un plat chaud proposé.

Selon Lucie Mondoulet, cette situation dure depuis plusieurs années : "Nous avons des remontées récurrentes de parents à travers ce que mangent leurs enfants. On va régulièrement à la cantine pour voir ce qu'il s'y passe. On observe que le rendu du service en termes de qualité et de quantité ne répond pas aux attentes des parents et potentiellement de ce que le département a délégué à ce prestataire."

Et, à l'appui de son propos, de souligner : "On a même été contacté par l'infirmière du collège parce qu'elle recevait des enfants qui n'étaient pas bien, car ils n'avaient pas mangé à midi !"

Une maîtrise qui "prend du temps" à la rentrée

Dans une lettre co-signée, Lounes Adjroud, conseiller départemental (PS) et Nadège Azzaz, maire (PS) de Châtillon, dénoncent cette situation : "la qualité nutritionnelle des repas proposés n'est pas satisfaisante" et "le niveau des rations n'est pas également pas adapté aux besoins qui sont ceux d'une population adolescente."

Dans les Hauts-de-Seine, l'ensemble de la restauration des collèges est sous-traité par des prestataires.

Contacté, le département répond qu'au collège Paul Éluard, "la maîtrise du nombre précis de repas à servir à la rentrée scolaire prend du temps à se mettre en place. En effet, les inscriptions à la restauration scolaire s’étalent tout au long du mois de septembre, et les prestataires se basent donc sur des prévisions d’effectif, qui s’affinent au fur et à mesure que tous les élèves s’inscrivent".

Dans cette réponse écrite, le département ajoute : "Ce manque de visibilité sur le nombre de repas peut ainsi occasionner un manque de choix en fin de service, mais les élèves se voient toujours bien entendu proposer un plat, qui peut être végétarien. Une fois les inscriptions finalisées, le nombre de repas et de services est stabilisé."

De plus, toujours selon le département, des "adaptations sont réalisées instantanément en fonction de la réalité du terrain".

Les menus "répondent aux exigences nutritionnelles officielles"

Du côté du prestataire, Elior, on s'étonne de la polémique. La communication affirme qu'elle n'a pas été prévenue d'une situation particulière dans ce collège. Après une rapide enquête interne, elle indique, comme le département, qu'il existe "un temps d'adaptation à chaque rentrée dans les collèges afin de connaître les effectifs déjeunant à la cantine, car il n'y a pas de système de réservation en amont dans le département."

S'agissant des menus, ils "sont présentés au département et validés par celui-ci et répondent aux exigences nutritionnelles officielles".

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