Les inscriptions sur les listes électorales ont chuté de 15,1% en 2011 par rapport à 2006.
Les cités de banlieue sont les grandes absentes de la campagne pour la présidentielle de 2012. Et pourtant le candidat Sarkozy revendique son action gouvernementale dans les quartiers défavorisés.
Une crise civique frappe l'Ile-de-France où les inscriptions sur les listes électorales ont chuté de 15,1% en 2011 par rapport à 2006. Une désaffection qui s'explique en partie par la défiance et la résignation des cités pour la politique.
Alors que les Français ont été 300.000 de moins (- 6,1%) qu'en 2007 à s'inscrire sur les listes électorales pour pouvoir voter en 2012, ce déclin civique a été particulièrement marqué en Ile-de-France, bonne dernière des régions de métropole en termes de nouvelles inscriptions, selon l'Insee.
"La faible mobilisation des quartiers populaires, plus nombreux en Ile-de-France
qu'ailleurs, a pu jouer dans ces résultats. En 2007, la dynamique d'inscription
était bien plus forte", explique la sociologue Céline Braconnier, co-auteure de La démocratie de l'abstention (Folio, 2007).
La banlieue entre scepticisme et désenchantement.
"Il y a eu beaucoup d'inscrits en 2006, en raison peut-être de l'attrait pour les deux nouveaux candidats à la présidentielle. Aujourd'hui, il y a une certaine lassitude et de la résignation", dit Sébastien Pietrasanta, le maire PS d'Asnières (Hauts-de-Seine) où les nouvelles inscriptions ont baissé de 15,29%.
"Vu le niveau de la campagne électorale actuelle, (cette baisse) ne me surprend pas. Il y a une telle distorsion entre la campagne et ce qu'on vit nous qu'on ne peut pas s'en étonner", affirme Stéphane Beaudet, maire UMP de Courcouronnes, une ville populaire de 14.000 habitants à deux pas d'Evry (Essonne).
"La campagne auprès des jeunes a joué", se réjouit Mohamed Mechmache, porte parole d'ACLEFEU, né à Clichy après les émeutes de 2005. Le collectif a lancé une campagne de sensibilisation début novembre 2011 et a multiplié les porte-à-porte jusqu'à la clôture des inscriptions, fin décembre. "Mais s'il y a une baisse des inscriptions en Ile-de-France, c'est qu'il n'y a pas eu de mobilisation de la part de l'Etat et des partis politiques. Les politiques ne s'intéressent pas à la question des quartiers", regrette Mohamed Mechmache, qui a imposé le sujet en installant en février un "ministère de la crise des banlieues" dans un hôtel particulier parisien.
"En 2006, juste après la révolte des banlieue, notre campagne avait très bien fonctionné. Aujourd'hui, les gens sont très déçus de la politique, on a dû redoubler de pédagogie pour les inciter à s'inscrire", raconte-t-il.
"Les politiques ne sont pas venus dans les quartiers, n'ont pas créé de mouvement", renchérit Rachid Chatri, co-fondateur de l'association La balle au centre.
Pour Rachid Chatri, "il y a deux choses à changer" pour améliorer les chiffres: "permettre aux gens de s'inscrire plus tard et ramener les politiques dans les quartiers".
Que proposent les candidats?
La banlieue apparaît comme la grande absente de la campagne présidentielle. Pourtant les candidats à la présidentielle l'évoquent dans leur programme. Ils tentent de combattre le désenchantement actuel. François Bayrou, le candidat centriste est allé à la rencontre d'un électorat qui ne lui est pas acquis à la cité du Val Fourré. Le candidat PS souhaite relancer un plan de rénovation urbaine et met l'accent sur les politiques publiques. Quant au candidat Sarkozy, il annonce un nouveau plan Marshall.
Retrouvez dans nos reportages François Hollande à Bonneuil-sur-Marne (94) le 20 février. François Bayrou à Mantes-la-Jolie (78) le 2 mars dernier. Quant au candidat Sarkozy, il annonce un grand plan pour les banlieues.
Reportages de Patrick Ferrante et Philippe Jarry.