Ce projet, sur l'ancien site de Météo-France, près de la Tour Eiffel, est jugé trop "ostentatoire".
Le Maire de Paris reproche au futur bâtiment son "architecture pastiche". S'il n'est pas opposé à la construction d'une église orthodoxe sur les bords de Seine, il rappelle que le site est classé au patrimoine mondial de l'Unesco. D'autres projets, non retenus, étaient à ses yeux plus adaptés.
Le permis de construire a été déposé par la Fédération de Russie - propriétaire des lieux depuis le rachat en 2010 du siège de Météo-France - en janvier dernier. Le projet est l'oeuvre d'une équipe franco-russe d'architectes (Sade/Arch group) menée par Manuel Nunez Yanowsky. Une création choisie parmi une centaines de dossiers.
Le bâtiment envisagé, surmonté de 5 dômes dorés surplombant une résille de verre, culminerait à 27m. Le complexe, d'une surface de 4000 mètres carrés à l'angle du Quai Branly et de l'Avenue Rapp, devrait être composé d'une église et d'un centre culturel et doté d'un jardin ouvert au public. Coût total du projet : 34,5 millions d'euros, financés par la Fédération de Russie et des mécènes.
"Son architecture de pastiche relève d'une ostentation tout à fait inadaptée au site des berges de la Seine classé au patrimoine mondial de l'Unesco", a déclaré le maire de Paris Bertrand Delanoë dans un communiqué. Mais son avis n'est que consultatif : c'est la Préfecture de Paris qui accordera ou non le permis de construire. Or, les services de l'Etat, au travers de conseillers de différents ministères, étaient présents dans le jury qui a désigné ce projet.
"Je tiens à exprimer ma très nette opposition à ce projet conçu par les Etats français et russe, sans l'accord de la Ville de Paris. En délivrant le permis de construire, l'Etat français se retrancherait derrière une posture diplomatique et financière indigne de l'amitié qui unit Paris et le peuple russe" ajoute-t-il, précisant qu'il n'est pas contre l'idée d'une église orthodoxe à cet endroit mais que "lors du concours, il existait des propositions bien plus satisfaisantes, soucieuses d'harmonie urbaine et respectueuses du paysage parisien".
Pour voir le projet en détails : http://www.arch-group.org/portfolio/arx/0/#4
Le projet même d'une église orthodoxe gérée par la Russie suscite des polémiques au sein des orthodoxes franciliens. Au nombre de 50 000 environ, ils sont en majorité rattachés au patriarche de Constantinople et non celui de Moscou. Une tradition qui remonte aux années 1920, les fidèles étant alors majoritairement des russes exilés rejetant l'influence moscovite. Aujourd'hui, les orthodoxes franciliens ne voient pas forcément d'un bon oeil la construction de cette église, symbolisant une nouvelle main-mise de la Russie sur leur foi.