Il y a 10 ans, Richard Durn abattait 8 élus de Nanterre vers 1 heure du matin lors du conseil municipal.
Il y a 10 ans, Richard Durn abattait 8 élus de Nanterre vers 1 heure du matin lors du conseil municipal.
Dix ans après la tuerie au conseil municipal de Nanterre qui avait fait huit morts
et 19 blessés, celles de Toulouse et Montauban ravivent un souvenir douloureux
chez les élus qui ont survécu à la folie meurtrière de Richard Durn.
Le 27 mars 2002, vers 1 heure du matin, le conseil municipal de Nanterre, à majorité communiste, s'apprête à clore une longue séance de décisions budgétaires: l'un des rares spectateurs, Richard Durn, connu comme militant écologiste, se lève, brandit un pistolet automatique et vide méthodiquement trois chargeurs de gros calibre sur les élus.
Il tire sur les élus, un à un, se déplaçant de pupitre en pupitre. Dans la fusillade, il tue huit élus et en blesse dix-neuf autres (dont quatorze grièvement), avant d'être maîtrisé par Gérard Perreau-Bezouille, sept autres élus et un agent communal. Une fois maîtrisé, le tireur demande en hurlant « Tuez-moi ! ».
Bilan : huit morts et 19 blessés.
Lors de son interrogatoire, le 28 mars 2002, Richard Durn se suicide en se défenestrant du quatrième étage de l'immeuble de la brigade criminelle, 36, quai des Orfèvres à Paris, après être passé aux aveux. Ceux-ci sont confirmés par une lettre-testament envoyée à une amie avant son passage à l'acte dans laquelle il décrit son projet : « …puisque j’étais devenu un mort-vivant par ma seule volonté, je décidais d’en finir en tuant une mini élite locale qui était le symbole et qui étaient les leaders et décideurs dans une ville que j’ai toujours exécrée… » Il explique vouloir tuer le maire, puis « le plus de personnes possibles » avant de se tuer ou d'être tué. « Je vais devenir un serial killer, un forcené qui tue. Pourquoi ? Parce que le frustré que je suis ne veut pas mourir seul, alors que j’ai eu une vie de merde, je veux me sentir une fois puissant et libre ».
Afin de tenter d'effacer le traumatisme causé par le drame, la salle a été entièrement réaménagée et sécurisée. Un vigile contrôle l'entrée et un portique de détection de métaux a également été installé. Le conseiller municipal (PS) Laurent El Ghozi, qui avait aussi permis de maîtriser Richard Durn, critique un dispositif de sécurité « symbolique » et plaide pour « un débriefing collectif » des survivants. « On parle toujours autour, mais on ne parle pas réellement entre nous de ce qui s'est passé », affirme-t-il.
Selon Jacqueline Fraysse, un procès, rendu impossible par le suicide de Richard Durn, aurait permis de « clarifier les choses, de donner des explications surtout pour les familles des victimes ». « Richard Durn a frustré les victimes en mettant fin à ses jours. Cela a ajouté de l'insupportable à cette tuerie et favorisé une rancoeur et la non cicatrisation », décrypte Pierre Lamothe.
Pour Gérard Perreau-Bezouille, « la meilleure réponse à donner à Durn, c'était de continuer, que la vie reprenne, que la mairie fonctionne, d'être à la hauteur de tous les élus tués ». Un hommage leur sera rendu le 27 mars, dix ans exactement après les meurtres. Huit allées du nouveau quartier des Terrasses, près de La Défense, porteront chacune le nom d'un élu tué.
Les survivants de la tuerie de Nanterre reviendront sur les lieux du drame cette nuit à 1h11 pour une minute de silence en mémoire de leurs collègues décédés.
Un hommage leur sera rendu le 27 mars, dix ans exactement après les meurtres. Huit allées du nouveau quartier des Terrasses, près de La Défense, porteront chacune le nom d'un élu tué.
Patrick Jarry, maire de Nanterre et rescapé revient sur les lieux du drame. Voir le reportage de William Van Qui et Pierre Pachoud.
Qui été Richard Durn A 33 ans, Richard Durn, qui est RMiste, vit toujours chez sa mère. Né le 3 décembre 1968 à Nanterre de père inconnu et d’une mère slovène, Richard Durn a toujours buté sur le mystère de ses origines et le silence obstiné de sa mère. Stéfania, employée de la biscotterie Heudebert, puis chez Citroën, eut en 1968 « une relation sans amour » avec « un homme de passage » qu’elle a « enterré » dans « son jardin secret ». Enceinte et sans argent pour avorter, Stéfania sort de la maternité avec son bébé un vendredi 13 : « Je savais que ça me porterait malheur », pressent-elle. Elle a du mal à materner ce « petit garçon renfermé, timide, contemplatif et câlin », qui apprend pourtant bien à l’école. « On ne peut pas se forcer à aimer quelqu’un qu’on n’a pas voulu, dit Stéfania. Je l’ai aimé petit à petit quand il a commencé à grandir. » Adolescent, Richard Durn pose des questions sur son géniteur. « Richard était un accident. Il sentait qu'il n'avait pas été désiré. Mais on ne peut pas se forcer à aimer quelqu'un qu'on n'a pas voulu. Je l'ai aimé petit à petit, quand il a commencé à grandir » confiera sa mère aux journalistes à l'époque. Il réclame un nom, une image : « Montre-moi quelque chose de lui. » Elle ne lâche rien. « Mais je n’avais pas de photo, rien , prétextera Stéfania. Richard le vivait comme un drame. » Selon la police, ainsi que plusieurs sources de presse, Richard Durn était un militant écologiste, ancien membre du PS avant de rejoindre les Verts. Il était également militant de la Ligue des droits de l'homme (il était trésorier de la Ligue des droits de l'homme de Nanterre depuis la fin de l'année 2001). |