Les maliens de Montreuil sont inquiets

Inquiétude et indignation dans la communauté malienne à Montreuil suite au coup d'Etat du 22 mars

On l'appelle "la deuxième ville" du Mali. Montreuil en Seine-Saint-Denis accueille la plus forte communauté du Mali avec 6000 ressortissants. Depuis le coup d'Etat et la chute d'Amani Toumani Touré le 22 mars dernier, la communauté est inquiète. Elle craint la division du pays et le risque d'une guerre civile. Samedi, ils se rassembleront à Paris.

Inquiétudes accrues depuis ce matin avec le proclamation d'indépendance du nord du pays par les rebelles Touaregs.  

"Nous proclamons solennellement l'indépendance de l'Azawad à compter de ce jour", a déclaré vendredi 6 avril le porte-parole du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, laïque), Mossa Ag Attaher, sur France 24.

Téléphone à l'oreille, un oeil sur internet, radio en fond sonore, les Maliens suivent de très près l'évolution de la situation dans leur pays d'origine et sont chaque jour un peu plus rongés par l'inquiétude. A l'Amicale, des hommes se croisent, échangent les dernières nouvelles et débattent de la situation, en buvant un café.


"On ne parle que de ça en ce moment", dit Hamady Doucouré, installé autour d'une grande table dans les locaux de l'Amicale des Maliens de Montreuil.  "On est en contact direct et constant avec la population sur place par téléphone", explique Moussa Doucouré, le responsable de l'association, qui retourne souvent dans le pays.
"Les Maliens en France sont indignés", lâche Moussa Doucouré. "On ne s'attendait pas au coup d'Etat" contre le pouvoir d'Amani Toumani Touré, le 22 mars, dit-il. "Et cette semaine, ça s'est aggravé. L'avenir du Mali est en jeu. (...) Le pays est divisé, le nord est occupé", poursuit-il.

 "Ce n'est plus un coup d'Etat. (...) Une guerre civile va éclater", s'alarme Mamadou Soumano, qui se présente fièrement, dans une grande robe blanche traditionnelle, comme griot, un dépositaire de la parole publique dans certains pays africains.

Profitant du putsch de Bamako, des rebelles touareg et groupes islamistes ont pris fin mars le contrôle des trois métropoles du Nord - Kidal, Gao et Tombouctou -, coupant de fait le pays en deux. Les islamistes d'Ansar Dine et des éléments d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont, depuis lors, pris le dessus.

La majorité des Maliens de Montreuil viennent du Sud du Mali.
"Notre problème numéro 1, c'est les envahisseurs touareg", lâche un nouvel arrivant dans la discussion, Cissé Douga. "Tombouctou, c'est le berceau de l'Histoire du Mali, ça va être terrible si tout ça est détruit", craint-il. 


"L'Aqmi dans le nord du pays, c'est dramatique, on ne va plus avoir de touristes", déplore Hamady Doucouré. "Il fallait combattre l'Aqmi dans tout le Sahel depuis longtemps, mais au contraire, on les a laissés s'installer chez nous", critique-t-il.

"Au Mali, toutes les religions s'entendent bien. Là, on risque une radicalisation, que tout le monde doive dire Allah Akbar (...). On ne veut pas de l'Afghanistan au Mali", proclame Mamadou Soumano.


En plus de la situation dans le Nord, tous s'inquiètent de l'embargo imposé par la Cédéao (la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) contre la junte au pouvoir à Bamako. "Ma famille habite à Bamako, et là-bas, à cause de l'embargo, tout est cher. J'ai envoyé de l'argent pour deux mois pour les aider", explique Hamady Doucouré.

"On veut que les militaires s'en aillent et qu'ils laissent la place aux civils pour négocier avec les Touareg", dit-il.

Mamadou Soumano ne croit pas au dialogue. "La France, qui nous a colonisés, doit nous aider militairement, en formant les soldats et en nous donnant des armes, pour mieux combattre Aqmi et les rebelles", affirme-t-il, ouvrant encore un nouveau débat.

Tous les soirs, le Collectif des Maliens de France pour la paix organise des réunions pour les travailleurs expatriés en Ile-de-France.

Samedi, les Maliens de Montreuil et de la région se rassembleront à Paris à 14 heures au métro Boissière pour crier leur détresse. Ils porteront des habits blancs.



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