À 22 ans, Koumba Larroque s’est qualifiée pour les Jeux Olympiques de Tokyo dans la catégorie des moins de 68 kilos. Une qualification qui résulte d’années compliquées et de travail et qui marque le début d’une préparation avec un seul objectif : l’or olympique.
19 mars 2021, Budapest, Hongrie. Koumba Larroque a vaincu ses vieux démons pour se qualifier pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Au moment où sa qualification est acquise, des larmes apparaissent sur son visage. " A ce moment-là, je prends conscience que mes années de travail et d’acharnement ont fini par payer", explique-t-elle.
Elle avait remarqué peu avant son entrée dans le tournoi de qualification olympique que la salle dans laquelle elle devait aller chercher son billet pour Tokyo était la même que celle qui accueillait les championnats du monde 2018. Lors de cette échéance, Koumba se hisse jusqu’en finale avant que son genou ne la lâche au pire des moments, alors qu’elle mène 4 - 1 dans cette finale. Commence alors une longue période de doute et de remise en question pour celle qui, pendant tant d’années, a tout gagné.
"À partir de 14 ans, j’ai été surclassée tout le temps"
Koumba grandit dans l’Essonne avec ses deux frères. Ce sont d’ailleurs eux qui vont lui donner le goût de la lutte. "J’ai commencé la lutte à 9 ans parce qu’ils en faisaient et j’ai beaucoup aimé ça tout de suite. Au début, ce n’était qu’un amusement", confie-t-elle. Et puis le gout de la performance et de la compétition la gagne progressivement jusqu’à la pousser à une décision qui va faire de la lutte son quotidien. "A 12 ans, je suis partie en sport-études dans les Pyrénées-Orientales à deux heures de chez moi. Désormais, je luttais tous les jours et les entraîneurs ont commencé à voir en moi un vrai potentiel". Malgré l’éloignement de sa famille, Koumba progresse de plus en plus vite entre 12 et 14 ans. Dès ses 14 ans, elle est surclassée. "Je luttais contre des filles qui avaient 1 ou 2 voire 3 ans de plus que moi", assure t-elle.
Partout où elle lutte, la Francilienne repart avec une médaille autour du cou. Elle remporte l’or mondial et européen en cadette, juniors et chez les moins de 23 ans. Cette "surdouée de la lutte", comme l’appelle le président de son club de Bagnolet, Didier Duceux, arrive à 20 ans en finale du Championnat du Monde seniors. Et puis en plein combat, alors qu’elle est en tête, elle se blesse au genou et doit subir une opération qui laisse planer le doute sur son avenir de lutteuse.
"J’ai dû réapprendre à lutter"
Koumba démarre alors une période de rééducation durant laquelle le doute et les remises en question font partie de son quotidien. Opérée en novembre 2018, elle espère pouvoir remonter sur le tapis d’ici septembre 2019 pour le tournoi de qualification olympique. "Il a fallu que je réapprenne à lutter, c’était une période compliquée". Au-delà de l’aspect technique, la lutteuse de Bagnolet doit aussi se remettre en forme physiquement. La lutte exige des efforts intenses pendant deux périodes de trois minutes, il lui fallait donc retrouver un bon cardio dans l’espoir d’être un jour à nouveau au meilleur niveau mondial. Elle s’envole alors pour un stage dans les montagnes japonaises et reprend la compétition en juillet 2019.
Elle ne parvient pas à se qualifier lors du premier tournoi de qualification et accueille donc le report des J.O. avec joie. "Cela me donnait encore plus de temps pour revenir au top niveau et mes doutes et craintes se dissipaient petit à petit". Koumba recommence à gagner, retrouve confiance en sa lutte jusqu’à retourner dans la salle où tout avait été mis sur pause il y a deux ans et demi afin de conjurer le sort et s’offrir un billet pour le Japon pour y chercher, cette fois-ci, non plus les clés de la rédemption, mais de l’or.