Quand on connaît les difficultés des étudiants ou des jeunes actifs pour se loger à peu de frais en Ile-de-France, on ne peut que s’intéresser à la colocation intergénérationnelle. Ce dispositif existe depuis près de 20 ans, mais il reste mal connu...
Amélie Decouche est directrice de "Paris Solidaire", la première association à avoir mis en place ce type de cohabitation. « La fondatrice a créé "Paris solidaire" après la canicule de l’été 2003. Elle a mis en parallèle l'isolement des personnes âgées et la difficulté des jeunes à se loger. Ce dispositif répondait à ces deux problématiques, et il y répond toujours... Un jeune qui a moins de 30 ans peut être logé en échange d'une contrepartie financière modeste, moins de 350 € à Paris. Dans ce cas-là, il vit avec la personne âgée, mais n'a pas d'engagements particuliers. En revanche, dans le cas où le jeune est logé gratuitement, il s'engage à consacrer du temps à personne âgée »
Un engagement à ne pas "trop faire la fête"
Sur le papier, ça parait simple, mais concilier des générations différentes, des rythmes de vie différents, ça n ‘est pas toujours évident. Amélie Decouche en convient : « On va vraiment faire attention à ce que le rythme et les habitudes de vie des jeunes que nous sélectionnons soient compatibles avec l'engagement auprès de la personne âgée. Donc, si c'est vraiment un logement gratuit, il faut qu'il y ait une contrepartie en termes de présence. Chaque demande est étudiée attentivement et en fonction des besoins de chaque senior. Certains vont juste avoir besoin d'un peu de présence pour discuter. D'autres vont demander des petits services de la vie quotidienne. Mais pour tous, il y a la présence rassurante durant la nuit. En général, le jeune va rentrer à 19 h, il va passer une heure à discuter avec la personne âgée, puis il est libre d'être dans sa chambre. Sans y faire trop la « fête » bien entendu… Il y a une charte de bonne conduite à respecter ».
Les contrats sont conclus pour une année universitaire, de septembre à août. Ils peuvent être renouvelés. La durée moyenne des colocations intergénérationnelles est de deux à trois ans.
Dans l'immense majorité des cas, cette cohabitation se passe bien. Mais quand la combinaison de fonctionne pas, l’association intervient pour faire de la médiation. Elle rencontre les deux parties et tente de résoudre les problème pour repartir sur de bonnes bases. Au pire, le contrat peut être rompu avec un préavis d’un mois.
Beaucoup de candidats chez les jeunes, pas assez chez les seniors
Aujourd'hui, l’association Paris Solidaire gère une centaine de binômes. Et côté jeunes, la liste d’attente est conséquente.
Amélie Decouche reconnaît qu’il faut faire une sélection : « C'est très demandé. On a beaucoup de candidatures. Le point commun, c’est bien sûr le critère financier. La volonté de trouver un logement moins cher à Paris. Nous, on va aller au-delà et regarder les autres motivations du jeune. Pourquoi veut-il rentrer dans le dispositif ? Que recherche-t-il en vivant avec la personne âgée ? Nous allons essayer de voir les personnes qui sortent du lot, qui ont envie d'apporter quelque chose à la personne âgée, et bien sûr, qui ont le temps pour ce type de cohabitation. Mais nous restons dépendants du nombre de personnes âgées qui cherchent une colocation intergénérationnelle. Nous cherchons à nous faire mieux connaître via les réseaux sociaux, le bouche à oreille ou les apparitions dans les médias… Pour que les seniors se disent finalement : pourquoi pas ? »
Le Mag Immo, ce dimanche à 10H35, puis sur France.tv