Benoît Collombat, journaliste sur France Inter et Etienne Davodeau, dessinateur, ont réussi le pari d’expliquer l’impénétrable, de dénouer l’enchevêtré. Ce défi est relevé par leur bande dessinée : Cher pays de notre enfance. Une enquête sur les méandres de l’affaire Boulin.
Le journaliste Benoît Collombat et le dessinateur Etienne Davodeau s’infiltrent dans cette affaire au travers d’une BD documentaire au titre surprenant "Cher pays de notre enfance" (édition Futuropolis), une référence aux années 70, souvent présentées comme enchantées.
Une sale histoire, c’est en ces termes que nous pourrions unanimement définir l’affaire Boulin. Nous sommes en 1979, il y a tout juste 36 ans. Robert Boulin, alors ministre du Travail et de la participation sous le gouvernement Raymond Barre, est retrouvé noyé dans 50 centimètres d’eau à l’étang de Rambouillet, dans les Yvelines, après avoir absorbé du Valium. Une enquête s’ouvre, laisse place à une autopsie, puis une contre-autopsie et les témoins se succèdent à la barre. Après un non-lieu en 1991, le dossier sera clos en 1992.
► VOIR le reportage (D. Morel/M. Genevois)
« D’accord ça se passait en 79, mais ça se passe aussi maintenant »
La partie obscure et violente du parti gaulliste réside en trois lettres S.A.C., comme "Service d’action civique", organisation créée par Charles Pasqua (président du conseil général des Hauts-de-Seine jusqu’en 2004), avec Jacques Foccart et Achille Perreti (maire de Neuilly-sur-Seine jusqu’en 1983). Cette milice a non seulement fait régner la peur sur les années 80 pour quiconque, journalistes y compris, se mettait en travers de leur chemin ou essayait d’entrer dans les détails des histoires les concernant de près ou de loin. Mais cette pression pèse encore aujourd’hui sur des témoins qui ne veulent pas toujours se livrer. C’est ainsi qu’il est possible de rencontrer, dans leur livre-enquête, des personnages qui changent de visage au fil des pages.► Pour aller plus loin : Mediapart - "Affaire Boulin : un "Canard" le bec dans l'eau"