À partir de lundi, les syndicats de biologistes appellent les laboratoires d’analyses médicales à une grève illimitée. En Île-de-France, 90 à 95 % des laboratoires devraient suivre le mouvement selon le Syndicat des Laboratoires de Biologie Clinique (SLBC).
La ponction ne passe toujours pas. Depuis l'annonce du gouvernement, fin septembre, des 250 millions d'euros d'économies à réaliser de gré ou de force dans leur secteur, les biologistes libéraux s'alarment d'un "coup de rabot". Selon Thierry Bouchet, président du SLBC, c’est surtout la manière qui ne passe pas. «On nous demande 250 millions d’euros, car nous avons réalisé des profits depuis le début du COVID, nous ne sommes pas contre. Ce que nous regrettons c’est que la caisse d’assurance maladie veut baisser nos tarifs de 8% de façon pérenne alors qu’aujourd’hui nous subissons déjà l’inflation » précise ce médecin-biologiste.
Les biologistes dénoncent une "folie austéritaire"
Fin octobre, déjà, faute d'accord, les biologistes ont arrêté de transmettre les résultats de ces dépistages COVID au fichier national SI-DEP, perturbant le suivi de l'épidémie pendant une semaine. Un boycott jugé "inconséquent" et "inadmissible" par le ministre de la Santé, François Braun, qui les a même accusés de "prendre en otage l'ensemble de la population".
Ce coup de semonce n'a pas fait bouger les lignes : reçus lundi soir à l'assurance-maladie, les biologistes en sont sortis en dénonçant une "folie austéritaire" et en appelant à la "grève reconductible" à partir du 14 novembre. Le mouvement, qui devrait durer au moins trois jours, est aussi porté par les grands groupes de laboratoires privés (Biogroup, Cerba, Eurofins, Inovie, Synlab), ainsi que par le réseau des Biologistes indépendants (LBI).
Le gouvernement ne veut pas céder
Plusieurs syndicats d'autres professions ont également apporté leur soutien aux biologistes, dont les onze organisations regroupées au sein des Libéraux de santé, ainsi que les médecins de l'UFML. Mais l'exécutif campe sur sa position. "Je maintiens la cible, cela aboutira", a encore affirmé mardi M. Braun, estimant qu'"avec un excédent brut de 3 milliards, ils peuvent faire un effort de 250 millions".
L'assurance-maladie "continue pour sa part à privilégier le dialogue" et "regrette profondément l'appel à la grève", jugeant ses propositions "pleinement soutenables pour le secteur de la biologie".
Le Sénat vote une "contribution exceptionnelle" de 250 millions d'euros en 2023
Les biologistes ont toutefois reçu cette semaine le renfort du Sénat lors de l'examen du projet de budget de la sécurité sociale. Épousant leur revendication, la Haute assemblée a voté un amendement transformant cette "baisse pérenne en contribution exceptionnelle de 250 millions d'euros en 2023. Une main tendue qui "rouvre la voie à une solution négociée", jugent les biologistes libéraux. Au gouvernement et à l'Assemblée nationale de "se saisir de cette opportunité", ont-ils argué.
Source : AFP