Manolo Mylonas ne se lasse pas de sillonner les rues de Paris ou de la banlieue sur son scooter. Son œil d’artiste sait voir les choses les plus insolites et poétiques dans les villes les plus grises.
Courez-y ! Une exposition de photographies de Manolo Mylonas, "Au-delà de la Z" est à voir à la Capsule, résidence photographique située au centre culturel André Malraux du Bourget, en Seine-Saint-Denis jusqu’au 3 janvier 2019.
Une jeunesse singulière et libre
Le thème de l’exposition c’est la jeunesse née en 2000, une génération marquée par les événements terroristes et qui pourtant reste toujours fraîche.Manolo Mylonas a aimé prendre le temps pendant un an et demi de rencontrer ces jeunes, de leur parler et de travailler avec eux. Il a animé deux ateliers photo, l’un au lycée Germaine Tillion du Bourget et l’autre avec des jeunes de la Protection judiciaire de la jeunesse à Cachan.
Il s’est beaucoup promené au Centre Culturel le Centquatre ou à la Canopée des Halles, et dans différentes villes de banlieue. Cette jeunesse singulière le surprend, car elle est toujours au-delà de la Z, ou au-delà des zébras, en dehors des clous.
Les jeunes sont plein de ressources, c’est le monde du possible : face aux bruits de la ville, et à la grisaille du béton, ils savent s’évader et rêver.
Refuge et évasion en voiture
L'automobile est un refuge et représente l’évasion possible, la liberté. Manolo Mylonas nous montre la gaieté et l'insouciance de ces filles, qui paradent et font la fête, debout dans leur voiture.
Musique et danse
Une jeune fille danse avec un casque sur la tête à la Canopée des Halles à Paris. La musique et la danse permettent d’oublier les soucis du quotidien.
La fantaisie au milieu du béton
Des jeunes regardent un mur et son dessin insolite : des moutons soulèvent des hommes, comme si c'était des poupées de chiffon. Même les architectures les plus austères ne ferment jamais la porte à la fantaisie.
Terrain vague et nature
La nature est toujours présente en ville et des jeunes savent en profiter, comme au parc de Gagny ou au bord du Canal de l’Ourq à Pantin. Certains pique-niquent la nuit au milieu d’une rue déserte et abandonnée, les herbes folles au milieu du trottoir en témoignent. Des jeunes savourent leur liberté en haut d’une colline dans un terrain vague à Tremblay.D’autres jouent dans la sculpture géante et fantomatique d’un oiseau de fer à Gagny ou laissent des hiéroglyphes sur une pierre …
Tous les jours dimanche
Manolo Mylonas s’est fait connaître avec sa série de photos "Tous les jours dimanche", en 2014, avec laquelle il a voulu montrer la "banalité extraordinaire" de laSeine-Saint-Denis . Il a obtenu le Prix de la presse au zoom la même année.
Le dimanche est le jour de tous les possibles pour lui, le jour où l'on peut remettre tout en question, "se projeter sur sa semaine, échapper à la réalité".
Ce qu'il aime dans la banlieue, c'est que c'est un espace de liberté, avec encore beaucoup de friches, mais que c'est aussi un lieu de solitude et de violence, un territoire des extrêmes entre "l'espoir et la perdition".
Ce que j’aime à Saint-Denis, c’est qu’il est encore possible de grimper une montagne de sable, de s’aventurer dans une dent creuse et d’escalader des gravats. Une forme de chaos fertile subsiste, maintenant ouvert l’espace des possibles.
Il a l’art de voir les choses les plus incongrues et étonnantes, l'étrange et le mystérieux du réel : un pique-nique sur une route désaffectée, une femme qui jongle au milieu d’une mer d’automobiles, ou un cheval sur la terrasse d’un HLM …
Le photographe affirme que ce n’est pas du surréalisme, mais plutôt du "réalisme magique" : il n’y a ni trucage ni mise en scène. Il n’aime pas légender ses clichés pour justement laisser la liberté d’interprétation au spectateur.
Jusqu’au 3 janvier 2019, exposition « Au-delà de la Z »
A la galerie du centre culturel André Malraux du Bourget, 10, avenue Francis de Pressensé, au Bourget (93).Ouvert du lundi au vendredi, sauf jours fériés jusqu'au 3 janvier 2019. Entrée libre.
Tél 01 48 38 50 14