Mort d'Adama Traoré : la famille dénonce le premier expert devant l'ordre des médecins

La famille d'Adama Traoré, devenu un symbole des violences policières depuis sa mort en 2016 lors de son interpellation dans le Val-d'Oise, a déposé plainte devant l'Ordre des médecins contre le légiste qui avait attribué son décès, à tort, à une maladie cardiaque, selon le courrier consulté lundi.

Par la voix de son avocat, Me Yassine Bouzrou, la famille vient d'écrire au conseil départemental de l'Ordre des médecins des Hauts-de-Seine en demandant "une procédure disciplinaire" pour "manquement déontologique" contre l'expert ayant réalisé les premiers rapports d'autopsie.

Une ultime expertise médicale rendue mi-septembre a écarté la responsabilité des gendarmes dans la mort de ce jeune homme noir de 24 ans, le 19 juillet 2016, sans convaincre la famille qui continue à dénoncer un "déni de justice". Son décès avait été constaté deux heures après son interpellation à Beaumont-sur-Oise par les gendarmes, qui l'avaient maintenu au sol sous le poids de leurs corps. Adama Traoré avait fait un malaise dans leur véhicule, avant de décéder dans la cour de la gendarmerie de la ville voisine de Persan. Cinq nuits de violences s'en étaient suivies dans ce département au nord de Paris. Le parquet de Pontoise avait alors communiqué les résultats d'une expertise intermédiaire qui attribuait le décès à une cardiomyopathie et à un état infectieux.
    
Deux ans plus tard, une expertise médicale de synthèse, remise mi-septembre à la juge d'instruction parisienne ayant repris le dossier, a conclu que "le pronostic vital (était) engagé de façon irréversible" avant cette interpellation. Le rapport des quatre médecins conclu qu'une maladie génétique, la "drépanocytose", associée à une pathologie rare, a entraîné une asphyxie à l'occasion d'un épisode de stress et d'effort. 
  
Mais ce dernier rapport a aussi écarté définitivement l'hypothèse initiale du légiste, déjà remise en cause l'an dernier par une contre-expertise intermédiaire. Le médecin initial avait "nécessairement conscience que ses affirmations quant à l'existence d'une cardiopathie étaient fausses", affirme la plainte, qui l'accuse d'avoir établi un "certificat de complaisance", "potentiellement à la demande du procureur de la République de Pontoise" pour dédouaner les forces de l'ordre.

Le médecin, qui n'était pas cardiologue et n'avait pas examiné d'autres organes que le coeur, "aurait ainsi dû se récuser". "L'erreur est tellement grossière qu'il est difficile d'imaginer qu'elle soit involontaire", a commenté Me Bouzrou. La juge d'instruction, qui doit encore auditionner les gendarmes, avait annoncé au printemps son intention d'organiser une reconstitution.
 

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