L'architecte et militant de gauche, Roland Castro, est décédé jeudi à l'âge de 82 ans. Animé par la volonté de redonner aux habitants de la banlieue "le plaisir d'habiter", Roland Castro a signé la construction et la rénovation de plusieurs ensembles architecturaux en banlieue parisienne.
Il voulait "remodeler" les cités bétonnées. L'architecte et urbaniste Roland Castro s'est éteint ce jeudi à l'âge de 82 ans. Militant de gauche, Roland Castro avait fait de l'architecture un combat politique au service d'une idée maîtresse : "retisser le lien social" et "convaincre que les banlieues ne sont pas des fourre-tout pour exclus de la société".
Nous vous proposons de redécouvrir trois réalisations témoignages de son engagement.
La rénovation de la cité de la Caravelle
Construite dans les années dans les années 60, à Villeneuve-la-Garenne dans les Hauts-de-Seine, la cité de la Caravelle est un ensemble de barres d'immeubles parmi, dit-on à l'époque, les plus grandes de France : jusqu'à 400 mètres de long, sur 10 étages, près de 6 000 habitants y résidaient.
Un immense vaisseau de pierre que va profondément redessiner, alléger, Roland Castro au début des années 2000, Le projet est de "retourné le quartier vers la ville", vers Villeneuve-la-Garenne, explique alors l'architecte.
La barre est coupée par des rues transversales. On démolit des cages d'escaliers, de nouveaux bâtiments sur différentes hauteurs sont édifiés pour donner d'autres réperes visuels. On réaménage les espaces publics. On crée des balcons et des loggias. Roland Castro remodèle entièrement la cité et donne un nouveau souffle à la Caravelle.
Ce chantier de rénovation est l'une des plus grandes transformations d'un quartier en banlieue. L'illustration du combat, mené par Roland Castro, contre la logique des grands ensembles. "Faire une révolution en banlieue", c'est l'objectif de l'association Banlieue 89, créée au début des années 80, par Roland Castro et Michel Cantal-Dupart.
La Bourse du travail à Saint-Denis
En 1983, Roland Castro et Antoine Stinco conçoivent un bâtiment de 5 000 m² sur cinq niveaux à la Porte de Paris, à la croisée de plusieurs axes routiers. Il abrite la bourse du travail, l'épicentre de l'animation syndicale à Saint-Denis.
Le bâtiment présente de grandes coursives, des petits bureaux, huit grandes salles avec des recoins pour permettre des échanges privés et surtout, en façade, une grande tour vitrée qui souligne l'alliance de plusieurs matériaux. Roland Castro signe l’un des premiers aménagements emblématiques du secteur de la Porte de Paris.
La tour Emblématik à Aubervilliers
En février 2109, à Aubervilliers, Roland Castro livre, place du Front Populaire, la tour Emblématik. Une tour de 54 mètres, qualifiée de premier village vertical. Cette tour est assortie de quatre grands jardins suspendus permettant aux résidents de profiter d’espaces verts partagés.
"Une utopie concrète", selon Roland Castro, qui répond au besoin de réinventer le contexte urbain. Mixité sociale oblige, ce village vertical accueille 88 logements, des appartements en accession, des résidences pour les étudiants, des logements sociaux, mais aussi des commerces.
A l'Atelier de l'Urbanité, boulevard Ménilmontant à Paris - une agence cofondée par Roland Castro - l'un de ses associés, Gérard Heulluy rend hommage à son illustre collègue. Cet architecte-urbaniste se souvient de la démarche, de la méthode de travail de Roland Castro qui avait "une approche très sensible. Une manière qu'il avait de percevoir et faire des projets, c'était beaucoup en se promenant", explique Gérard Heulluy. Il allait "voir le site en sentant et ça apportait de la poésie, aucun projet n'était dicté par des règles, des normes".
L'une des dernières ambitions d'envergure de Roland Castro, dévoilée en 2009, était de créer au cœur du département de Seine-Saint-Denis, un Central Park comme à New York. L'architecte prévoyait la construction d'immeubles autour du parc Georges-Valbon à la Courneuve. Un projet combattu par ses détracteurs et abandonné en 2015.