Deux ans après l'incendie de Notre-Dame, la phase de sécurisation est presque achevée. Les ouvriers doivent se soumettre chaque jour à un protocole de préparation, avant d'accéder à la cathédrale, en raison de la contamination aux poussières de plomb. Nous avons visité les coulisses du chantier.
C’est un rituel que suivent tous les visiteurs qui veulent entrer sur la chantier de Notre-Dame. Il faut laisser ses vêtements de ville, et revêtir des sous vêtements et une combinaison jetables, des bottes et un casque de chantier.
Une transformation qui se fait en passant par un sas, qui délimite deux zones bien distinctes sur le site : la zone chantier dite "sale", et la zone base de vie dite "propre".
Pour les ouvriers qui travaillent tous jours, il faut retrouver des tenues qui resteront dans la zone sale pendant toute la durée des travaux. Et les règles sont strictes dans la zone sale : interdiction de manger, de boire, et de fumer.
Des rivières de plomb
Des règles drastiques qui s’expliquent avec la contamination aux poussières de plomb qui se sont propagées lors de l’incendie. Avec le brasier, 450 tonnes de plomb de la toiture et de la flèche ont fondu. Il faut imaginer des rivières de plomb qui ont coulé le soir du 15 avril. Aujourd’hui, on retrouve la trace de ces torrents sur la cathédrale.
Ce plomb sous forme solide ne pose pas de problème sanitaire. En revanche, de la poussière de plomb s’est déposée dans l'ensemble des murs de Notre-Dame. "On risque d'inhaler cette poussière. C'est la raison pour laquelle tous les compagnons qui entrent dans le chantier ont des combinaisons jetables qu'ils éliminent dès qu'ils sortent pour éviter de transporter du plomb en dehors du chantier", explique un ouvrier. C’est donc pour éviter de transporter cette poussière, qui peut être ingérée par l’organisme et créer des troubles, que les mesures de sécurité pour accéder au chantier sont aussi strictes.
Pour les ouvriers les plus exposés aux poussières de plomb, (ceux qui manipulent les éléments brulés comme les poutres, ceux qui aspirent les gravats) ils doivent porter un masque intégral, avec respirateur. Leur temps de travail avec masque est limité à 2 ou 3 heures par vacation. Des contraintes qui ralentissent le chantier et qui représente un coût supplémentaire.
A la sortie du chantier, il faut se décontaminer
Tout d’abord lavage des bottes, puis se débarrasser des vêtements de la zone sale, enfin, douche obligatoire avant de retrouver la zone propre. Il faut aussi nettoyer tous les instruments que l’on sort du chantier. Des procédures lourdes, exigées par la direction du travail qui s’inspirent de la réglementation amiante.
"Il faudra compter au moins 7 mois pour décontaminer la cathédrale, mais c’est une étape obligatoire afin de pouvoir rendre la cathédrale au culte", explique Alexandre Pernin, directeur de projet au sein de la direction des opérations de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de Notre-Dame.
Résultat, le chantier de Notre-Dame est l’un des plus sûrs sur la gestion de la contrainte plomb. Un des enjeux du chantier de la reconstruction passe par la décontamination. Il va falloir aspirer et nettoyer chaque recoin de la cathédrale afin d’y enlever le risque plomb.