200 migrants sans-abris hébergés dans des gymnases après l’occupation d’une ancienne école à Paris

Les migrants qui ont occupé ce dimanche une école maternelle désaffectée dans le XVIe arrondissement ont été mis à l'abri dans deux gymnases, mis à disposition par la Ville de Paris. Une solution "temporaire", soulignent les associations.

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Après l’occupation d’une ancienne école maternelle, 200 migrants SDF ont été mis à l'abri dans deux gymnases parisiens dans la nuit de dimanche à lundi. Les deux sites en question, situés respectivement dans le Ve et le XVIe, ont été mis à disposition par la mairie de Paris.

Le transfert des migrants s’est terminé vers 1h du matin selon Utopia 56, l’une des associations à l’initiative de l’action. Maël de Marcellus, coordinateur de l’antenne Paris d’Utopia 56, explique à France 3 Paris IDF que de nombreuses familles sont présentes parmi les personnes herbergées dans les gymnases : "Les ménages représentent 84 personnes au total. Il y a notamment des Afghans mais ces personnes viennent de partout. La plupart sont des demandeurs d’asile."

"L’objectif de l’occupation était la mise à l’abri de ces personnes qui vivaient dans la rue depuis plusieurs mois, et qui étaient condamnées à passer l’hiver dans le froid, poursuit Maël de Marcelus. Il y avait urgence, il fallait les mettre à l’abri des dangers de la rue, de la neige, de la pluie, et des violences policières. On a accepté collectivement la mise à disposition des gymnases, parce qu’on a reçu l’engagement que cet hébergement était une solution temporaire et qu’il n’y aurait pas de remise à la rue."

C’est une bonne nouvelle mais on va rester vigilant. S’il y a des remises à la rue, on reprendra un lieu.

Maël de Marcellus, coordinateur de l’antenne Paris d’Utopia 56

Le responsable parisien de l’association "espère qu’il y aura une transparence", "en attendant que la préfecture d’Île-de-France, qui est en charge de l'hébergement des personnes exilées, prenne le relai avec une vraie prise en charge et de solutions durables" : "Ça devrait intervenir rapidement... C’est une bonne nouvelle mais on va rester vigilant. S’il y a des remises à la rue, on reprendra un lieu. Et ce n’est absolument pas suffisant : au-delà de l’occupation de dimanche, il faut penser à tous ceux qui n’étaient pas présents lors de l’opération, et qui sont toujours à la rue."

"VICTOIRE (…) Mais le combat n’est pas terminé ! Il reste encore de nombreuses personnes à la rue sans solution !", a ainsi réagi Solidarité Migrants Wilson, qui organisait également l’opération dans le cadre du "collectif réquisition" avec les associations DAL (Droit Au Logement), Paris d’Exil, le collectif la Villa, Faris, CSP 75 (Coordination 75 des Sans Papiers), CSP 20 (Collectif des Sans-Papiers Paris 20), et Marche des solidarités.

"On était conscient que le lieu n’était pas décent, mais c’était toujours mieux que la rue"

L’occupation menée dimanche s’est déroulée au 58, rue Erlanger, dans le XVIe. Cet ancienne école de Paris Habitat, bailleur social de la ville de Paris, était vacante, souligne Utopia 56, qui précise que "des travaux pour la transformer en logements sont prévus, mais bloqués judiciairement à ce jour".

"C’était une école à l’abandon depuis deux ans, explique Maël de Marcelus. Ce n'était pas chauffé. On était conscient que le lieu n’était pas décent, mais c’était toujours mieux que la rue." "La rue c'est la mort !", a dénoncé de son côté le DAL au cours de l’action.

L’occupation a été menée en présence de plusieurs élus. Éric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis, a ainsi apporté son "soutien aux associations et réfugiés" : "Ils font ce que l’Etat devrait faire, notamment en période hivernale : l’application de la loi de réquisition".

"Heureusement associations et collectifs sont là, a déclaré de son côté Esther Benbassa, sénatrice EELV de Paris. Pour dénoncer la situation, catastrophique, et l'abandon de l'Etat. Pour protéger ceux qui doivent l'être et pour répondre à l'urgence. Et pour préparer un avenir où le droit au logement sera enfin respecté."

Ian Brossat (PCF) avait aussi fait le déplacement. "Cette ancienne école n'est pas chauffée, pas sécurisée. Elle ne peut pas constituer un lieu d'hébergement adapté", a expliqué l’adjoint de la maire de Paris en charge des questions migratoires et d'hébergement d'urgence, annonçant la mise à disposition des gymnases. 

"Laisser les gens à la rue n’est pas une question de moyens mais un choix politique"

Selon Maël de Marcellus, l’opération a montré que "les solutions d’hébergement existent dès qu’il y a une visibilisation et quand un rapport de force s’installe" : "Les solutions ont été trouvées très vite. Laisser les gens à la rue n’est pas une question de moyens mais un choix politique. Il y a toujours des moyens dès que la mairie et la préfecture se bougent."

Le coordinateur de l’antenne parisienne d’Utopia 56 indique d’ailleurs que certains migrants présents dimanche dans l’école "étaient également présents il y a deux mois, place de la République pour demander une prise en charge en tant que demandeurs d’asile". Fin novembre, plusieurs centaines de migrants avaient monté un campement sur la place. Le démantèlement des installations par les forces de l’ordre avait provoqué l'ouverture de deux enquêtes visant des policiers, pour "violences".

D’après Utopia 56, "chaque nuit, des centaines de personnes dorment dans les rues de Paris et sa banlieue dans des conditions de survie insoutenables". L’association explique avoir signalé à la préfecture "plus de 300 personnes en grand danger en étant à la rue", "juste" la semaine dernière.

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