Plusieurs centaines de personnes ont été évacuées des rives du canal de l'Ourcq ce mardi matin. À seulement dix jours de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, les associations dénoncent un nettoyage social.
Ce mardi matin, 250 personnes, sans domicile fixe, ont été expulsées des rives du canal de l'Ourcq à Pantin. Leurs affaires, elles, ont été débarrassées à coups de tractopelles. Parmi elles, de nombreux exilés venus du Soudan, d'Erythrée ou encore d'Afghanistan.
Une solution de mise à l'abri leur a été faite. Loin d'être idéale pour tous. Interrogé au micro de France 3 Paris, un homme explique préférer garder son travail plutôt que d'accepter la proposition de relogement. "On refuse de se déplacer. Quand on part on ne connaît personne là-bas", explique l'un d'eux.
Opération de mise à l'abri ce matin autour du Canal de l'Ourcq. Les propositions faîtes par l'État sont en Île-de-France, ce qui correspond aux parcours des personnes ayant des attaches locales. Nous continuons d'interpeller l'Etat pour l'ouverture de places supplémentaires ! pic.twitter.com/EkWNmnue0i
— Léa Filoche (@leafiloche) July 16, 2024
Une évacuation matinale qui émeut aux larmes une habitante : "Je suis hyper touchée car je trouve ça horrible. Il y a des camions poubelles qui enlèvent le minimum qu'ont les gens."
La préfecture propose un hébergement temporaire en Île-de-France ou dans d'autres régions pendant trente jours, soit le temps des Jeux olympiques et paralympiques.
Des expulsions qui se multiplient ?
Au total, 13 000 personnes ont été évacuées avant les Jeux de Paris. 500, rien qu'en ce début de semaine. Les associations dénoncent un nettoyage social.
"En cinq mois il y a eu autant d'expulsions qu'avant en un an, explique Paul Alauzy, coordinateur chez Médecins du monde et membre du collectif Le Revers de la médaille. Le rythme a explosé. Il y a un rendez-vous manqué avec les JO, il y a un rendez-vous manqué avec les Droits de l'Homme. C'est dingue quand même, nous sommes la septième puissance mondiale, on va héberger les gens trente jours, deux mois maximum, alors qu'on pourrait faire tellement mieux."
Selon un rapport publié par le collectif, qui rassemble quelque 80 associations, ces expulsions sont en augmentation de 38,5% par rapport à la période de 2021-2022. Soit deux fois plus que l'année précédente et trois fois plus qu'entre 2021-2022.
Des accusations que conteste la préfecture. "Il n'y a pas d'accélération. On intervient quand les campements deviennent importants donc là c'était le cas avec plusieurs centaines de personnes et qui posent des problèmes de salubrité publique importants."
Le campement se trouvait à proximité immédiate du parc de la Villette. Sur ce site, plusieurs délégations d'athlètes seront accueillies pendant les JO.