JO de Paris 2024 : le collectif "le revers de la médaille" dénonce un "nettoyage social" contre les sans-abris

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Inquiet des conséquences de l’organisation des Jeux pour les SDF et les personnes en situation d’exclusion, un collectif réunissant près de 75 associations alerte sur "le revers de la médaille" dans les rues de Paris et en Île-de-France. Il demande un "plan concerté".

"PLUS VITE pour vider l'Ile-de-France des populations précarisées", "PLUS HAUT vers l'exploitation des travailleurs sans-papiers" et "PLUS FORT dans la réponse sécuritaire contre les personnes à la rue", peut-on lire sur les pancartes placardées devant le siège du comité d'organisation des Jeux olympiques (Cojo) à Saint-Denis, dans la nuit de dimanche à lundi.

Le collectif de militants à l’origine de l’action a aussi projeté un grand message lumineux indiquant "le revers de la médaille" sur le bâtiment, au-dessus du logo de Paris-2024 et des anneaux olympiques.

"On dénonce un nettoyage social, c’est une image", explique Antoine de Clerck, l’un des porte-paroles du collectif. Il cite l’arrêté préfectoral interdisant début octobre la distribution de nourriture dans les quartiers Stalingrad et Jaurès. Alors que la préfecture de police de Paris évoquait des "troubles à l'ordre public" ainsi que des distributions alimentaires à l’origine de "la formation de campements dans le secteur du boulevard de la Villette, où se retrouvent des migrants, des personnes droguées et des sans-domicile fixe", la décision a finalement été retoquée en justice.

"Aucune association n’est contre le fait de travailler sur de nouveaux dispositifs pour s’adapter aux JO, en revanche ne pas donner à manger à des personnes en situation de grande précarité, ça cache la misère mais ça ne la fait pas disparaître… Plutôt que de la masquer, il faut prendre en charge les personnes concernées", souligne Antoine de Clerck.

"Les Jeux ont tendance à déplacer et cacher les personnes jugées indésirables"

Action contre la faim, Barreau de Paris Solidarité, Fondation de l’Armée du Salut, Emmaüs France, Ligue des Droits de l’Homme, Solidarité Migrants Wilson, Utopia 56, Pantin Solidaires… Près de 75 associations soutiennent la campagne.

"Ces structures travaillent sur le terrain auprès de tous les publics à la rue ou en situation d’exclusion : les personnes sans-abri, celles qui vivent dans des hébergements précaires, les usagers de drogue et les travailleurs du sexe. On sait que les JO bouleversent leur situation dans les villes concernées, avec l’annulation de nombreux dispositifs. De nombreuses études montrent que les Jeux précédents ont eu tendance à déplacer et cacher les personnes jugées indésirables, notamment pour une question d’image", explique Antoine de Clerck.

Antoine de Clerck est membre de Refugee Food, un projet qui fait partie du collectif "le revers de la médaille", et qui réunit une association qui lutte pour l’aide alimentaire ainsi qu’une entreprise d’insertion professionnelle des personnes réfugiées dans la restauration.

"Cet été avec Emmaüs et le soutien de la Ville de Paris, on a distribué en face de l’hôtel de ville près de 40 000 repas en quelques semaines. Ce qui est frappant, c’est l’augmentation des chiffres mais aussi la distribution de plats à des gens qui viennent pour la première fois. Ce genre de dispositif est indispensable, ça ne peut pas s’arrêter pendant les JO. On sait qu’on ne pourra pas l’organiser au même endroit, mais il faut trouver une solution", alerte-t-il.

"Les opérations de mise à l’abri existent déjà mais s’accélèrent"

"A Paris et en Île-de-France, les opérations de mise à l’abri existent déjà mais s’accélèrent, on a pu le constater pendant la Coupe du monde de rugby, pointe aussi du doigt Antoine de Clerck. Aujourd’hui, on fait monter les gens dans des bus sans même forcément leur dire où on les emmène. Pour la plupart, ils retournent dans la rue."

Pour ce qui est des squats et des foyers de travailleurs migrants, le collectif Schaeffer, cité par l’AFP, estime que 4 100 ressortissants de pays africains ont été déplacés de la Seine-Saint-Denis après le démantèlement de leur lieu de vie (et vivent désormais pour l’essentiel sur les berges du Canal Saint-Denis). Plus de 1 600 personnes migrantes ont par ailleurs été transférées depuis six mois dans des "sas" d'hébergement en régions, ouverts en avril par le gouvernement face à la saturation de l'hébergement d'urgence en région parisienne. 

Sur franceinfo, Paul Alauzy, également porte-parole du collectif "le revers de la médaille" et coordinateur de la veille sanitaire migrant.es et permanence psy à Médecins du monde, cite "l'expulsion d'un lieu de vie de 500 personnes sur l'Île Saint-Denis, sur un lieu de construction d'un village olympique" et l’expulsion de "cinq autres squats". "On sait que 3 000 places d'hôtels sociaux ont été fermées pour que les hôteliers puissent récupérer leurs hôtels, pour loger des touristes pendant les JO, du moins c'est comme cela qu'on l'interprète. Donc, c'est 3 000 places de moins au 115 en Île-de-France", déplore-t-il aussi.

Dans une lettre ouverte adressée à "l’ensemble des parties prenantes", le collectif alerte ainsi sur l’absence d’un "plan d’action" et d’une "concertation avec les acteurs associatifs et solidaires", malgré des "demandes répétées". La lettre souligne "le risque que (la fête Olympique) soit ternie par un renforcement de l’exclusion de dizaines de milliers de personnes, alors que Paris 2024 veut être les Jeux les plus inclusifs et exemplaires de l’Histoire".

"Nous ne sommes pas contre les JO, mais on a besoin de travailler avec les acteurs publics. On demande la mise en place d’un plan concerté de continuité de la prise en charge des personnes vulnérables. On est confiant mais on reste prudent", indique Antoine de Clerck, qui souligne que "les Jeux arrivent vite".

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