A l'occasion des Journées du Moineau de Paris, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) d'Île-de-France organise une série d'événements pour sensibiliser à la disparition progressive de ces animaux des rues de la capitale.
Quelques miettes de pain suffisent à les attirer. Ce sont des animaux sociables, qui vivent en groupe et nichent en colonie. On parle bien entendu des moineaux domestiques. Ils se font néanmoins de plus en plus rares dans les rues de la capitale. Trois sur quatre (72%) ont disparu entre 2003 et 2016. C’est ce qu’affirme une étude réalisée par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) d’Île-de-France.
Chaque printemps depuis 2003, une cinquantaine de bénévoles de cette association se répartissent dans plus de 200 points de la capitale afin de compter les moineaux. Un procédé délicat. Car il n’est pas impossible que l’on compte, par erreur, deux fois le même. Pour les différencier : "On prend en compte le nombre de moineaux dit ‘contactés’, c’est-à-dire vus et entendus simultanément", explique Philippe Maintigneux, co-responsable de "l’enquête moineaux." (...) "Les données recueillies sont ensuite analysées par des ornithologues du Muséum national d’Histoire naturelle", ajoute-t-il.
On prend en compte le nombre de moineaux dit ‘contactés’, c’est-à-dire vus et entendus simultanément.
Philippe Maintigneux
La baisse de 72% établie par la LPO renvoie à la dernière analyse effectuée par le muséum en 2016. Une mise à jour des données devrait être réalisée durant l’automne. Car le comptage n’a pas cessé depuis 2016. La baisse pourrait ainsi être, encore plus importante ou pas.
Rénovations et manque de nourriture
Selon l’association, ce sont des secteurs des XIème et XVème arrondissements de la capitale qui ont été les plus touchés par la disparition des moineaux. "Si la population (de ces oiseaux, ndlr) a été globalement stable dans Paris entre 2003 et 2008, le taux de disparition sur cette même période dans ces secteurs atteint 74% dans le XVème, 92% dans le XIème", explique Philippe Maintigneux. "Aujourd’hui la baisse est généralisée", regrette-t-il.
Les causes principales de la diminution progressive de ces animaux à Paris "sont la disparition des sites de nidification (surtout à cause des rénovations de bâtiments)" ainsi que "l'appauvrissement de la ressource alimentaire (disparition des plantes à graines et des insectes)", explique la LPO dans un communiqué.
Lors des rénovations de bâtiments, on bouche les trous et les fissures dans lesquels les moineaux peuvent nicher. La disparition des moineaux est intensifiée lorsqu’on construit des surfaces lisses.
Philippe Maintigneux
Habitués des falaises et des hauteurs, ces moineaux trouvent habituellement refuge, en ville, sur des immeubles ou des tours. Ils nichent dans des fissures, des interstices, ou encore des profilés décoratifs ou de fenêtre. "Lors des rénovations de bâtiments, on bouche les trous et les fissures dans lesquels les moineaux peuvent nicher. La disparition des moineaux est intensifiée lorsqu’on construit des surfaces lisses", ajoute Philippe Maintigneux.
Il arrive aussi que les moineaux s’abritent dans des buissons ou des arbustes. Mais "ceux-ci sont souvent supprimés ou taillés drastiquement", ajoute-t-il. Pour la LPO, cette désertification progressive du moineau domestique à Paris est un "symbole de la perte de la biodiversité" dans la région.
Expositions, conférences, sorties...pour sensibiliser
A l’occasion des Journées du Moineau de Paris, la LPO d’Île-de-France organise une série d’événements dans la capitale pour sensibiliser les Parisiens et Franciliens à la disparition de ces oiseaux des rues de la capitale.
A voir, une exposition au sein de l’Ecole nationale d’architecture de Paris-La Villette. Elle présente jusqu'au 24 mars des travaux d’étudiants qui ont conçu des nichoirs en béton en gardant à l’esprit autant leur efficacité que leur intérêt architectural. Toutes les informations sur cet événements sont à retrouver ici.
Une autre exposition, organisée au sein de l'Académie du climat. Elle présente la manière de protéger les moineaux, développer ses populations, et au travers de ces actions, développer la biodiversité. Elle se tient jusqu'au dimanche 27 mars, de 10h à 19h. Elle comportera deux temps forts : une conférence le samedi 26 mars à 15h, et une rencontre avec les observateurs de moineaux.
Enfin, trois sorties sont également proposées sur inscription le dimanche 27 mars 2022 dans les XIIe et XVe arrondissements. Elles dureront environ une heure. "Les participants l’apprécieront mieux s’ils apportent des jumelles", indique l’association. Ces sorties permettront de découvrir des colonies de moineaux domestiques, voir où ils nichent, où ils se mettent à l’abri, où ils se nourrissent, et mieux comprendre leurs besoins et le milieu dans lequel ils vivent.
Un appel à dons a également été mis en place afin d’aider à protéger ces oiseaux, dont le chant se fait de moins en moins entendre dans les rues de Paris.