Des étudiants se sont réunis devant Sciences Po Paris pour demander la démission de leur directeur. Ce dernier a admis avoir eu connaissance dès 2019 des accusations d'incestes contre Olivier Duhamel, ex-président de l'instance qui chapeaute l'institut d'études politiques parisien.
Sur les grilles de Sciences Po Paris, des pancartes ont été posées : "silence = complice" ou "Mion, combien d'autres violeurs protèges-tu ?". À l'origine de cette indignation, un article du Monde qui révèle que Frédéric Mion, directeur de l'institut d'études politiques, était au courant des accusations d'inceste visant Olivier Duhamel, lui-même ex-président de la Fondation Nationale des Sciences Politiques (FNSP) de 2016 jusqu'au 4 janvier 2021.
Dans un premier temps, quand ces accusations ont été révélées, le directeur de Sciences Po Paris s'était dit "sous le choc". Il avait ensuite fait part de sa "stupeur" en découvrant "par des articles de presse, des faits très graves reprochés à l'ancien président de la Fondation nationale des sciences politiques".
"On pense qu'il a une responsabilité"
Ludmila, étudiante dans cette école, est ainsi venue "de façon spontanée, avec des pancartes" ce jeudi pour demander la démission de son directeur. "On pense qu'il a une responsabilité parce qu'il a été mis au courant, ce qu'il a déclaré au Monde. On n'a pas envie qu'un tel directeur continue à présider notre école", explique-t-elle.
Selon cette étudiante, qui redoute que d'autres cas soient mis sous le tapis, cette affaire est d'autant plus préoccupante que "Frédéric Mion est quelqu'un qui se dit agir énormément contre les violences sexuelles. De voir une personne qui se présente tellement comme très féministe, de savoir qu'il a été au courant pendant deux ans et qu'il n'a rien fait, cela m'a quand-même choqué."
Des recherches d'accusations au sein de l'école
D'autant qu'un mail envoyé aux étudiants ce jeudi est venu attiser leur colère. Dans ce message (consulté par France 3 Paris Ile-de-France), M. Mion veut que "la lumière soit faite sur la réalité de cette affaire". Il explique ainsi s'être tourné "vers un proche d’Olivier Duhamel, qui m’a indiqué avec fermeté que cette rumeur était sans fondement" et s'être "assuré, au plan interne, qu’aucun agissement délictueux n’avait fait l’objet d’un signalement au cours des années où Olivier Duhamel avait enseigné dans notre maison".
Le directeur de Sciences Po se défend ainsi de toute accusation d'avoir "contribué à l’édification du silence" : "Ce n’est que le lendemain, en lisant la presse, que j’ai découvert la réalité du crime reproché à Olivier Duhamel. Ces révélations ont été un choc violent pour notre institution comme pour moi. Ma stupeur à l’énoncé des faits révélés n’était donc pas feinte", poursuit-il.
Une dernière phrase jugée comme étant "lunaire" par une étudiante qui se trouvait devant Sciences Po ce jeudi. "Je ne suis venue pas spécialement pour faire pression sur sa démission, je pensais qu'il allait le faire de lui-même, indique Lucie (qui a souhaité prendre un prénom d'emprunt). Je ne lui en veux pas personnellement. Il a une responsabilité individuelle mais on est dans des structures qui fonctionnent comme cela aussi."
Selon l'entourage de Frédéric Mion, ce dernier exclu une démission.