Accusé d'avoir refusé l'entrée de son bus à deux jeunes femmes mardi 30 avril au soir à cause de leur jupe trop courtes, le chauffeur de bus riposte et porte plainte contre le père de l'une des deux femmes qui avait raconté sa version des faits sur les réseaux sociaux.
Accusé sur les réseaux sociaux, le chauffeur de bus incriminé riposte devant la justice. Selon un témoignage relaté par Kamel Bencheikh, il aurait refusé l'entrée dans le bus à sa fille en raison de sa jupe jugée trop courte, mardi 30 avril.
Mis en cause et sous le coup d'une enquête interne, le chauffeur de bus a adressé jeudi 9 mai au parquet de Paris une plainte pour "discrimination sur le fondement de l'appartenance, vraie ou supposée, à une religion déterminée" ainsi que pour "dénonciation calomnieuse" et pour "faux et usage de faux", a-t-on appris auprès de son avocat, Me Samim Bolaky.
Deux versions opposées
Il est aux alentours de 23 heures mardi quand le chauffeur de la ligne 60 s'approche de l'arrêt Botzaris, dans le XIXe arrondissement de Paris. Il voit deux jeunes femmes qui fument et ne s'arrête pas.C'est à ce moment que les récits divergent. Selon Kamel Bencheikh, un écrivain algérien et père de l'une des deux jeunes femmes, les deux amies courent pour rejoindre le chauffeur et monter dans le véhicule. Ce dernier aurait alors lâché en regardant ses jambes : "tu n’as qu’à bien t’habiller" et serait reparti.
Dans le post Facebook, désormais inaccessible, M. Bencheikh écrivait : "Je revendique mon islamophobie" et accusait le chauffeur, décrit comme "un barbu de type maghrébin".
"Des allégations faites sans même savoir sa religion"
Son avocat, joint par France 3 Paris Île-de-France, raconte une toute autre version des faits. Selon lui, les deux jeunes femmes "n'ont pas manifesté l'envie de monter dans le bus et continuaient à fumer", raison pour laquelle le chauffeur ne s'est pas arrêté."Arrivé au niveau du feu, elles ont demandé si elles pouvaient monter. Il a indiqué que les conditions de sécurité n'étaient pas réunies", poursuit Me Bolaky.
Son conseil tient aussi à démentir catégoriquement toutes les insinuations faites sur son appartenance religieuse : "Il n'a pas de pratique rigoriste. Ces allégations ont été faites sans même savoir sa religion, c'est de la discrimination." D'autre part, il parle d'un employé modèle et sans histoire pendant ses 10 ans comme chauffeur de car dans le secteur du tourisme et ses 4 ans à la RATP : "il n'a aucune difficulté avec l'habillement. Il n'a jamais pris de vacances pendant l'été, il n'a pas de problèmes avec des jupes."
A la recherche de témoins
Une enquête interne a été lancée par la RATP. La régie des transports lui a proposé des fonctions administratives en attendant la fin de la procédure, mais l'homme a préféré se mettre en congé.Chose rare, l'entreprise a lancé un appel à témoins, qui serait sans résultat à ce jour. En revanche, Me Bolaky affirme avoir transmis un témoignage au parquet qui précise qu' "une dizaine de passagers se trouvaient dans le bus au moment des faits".[Appel à témoins] Si vous avez été témoin d’une scène particulière mardi 30 avril sur la ligne Bus 60 à l’arrêt Botzaris vers 23 h (Paris 19e) pouvez-vous nous contacter en DM. #RATP
— Service client RATP (@ClientsRATP) May 4, 2019
Et ce dernier fait mine de s'interroger sur la partie adverse : "Si les faits étaient avérés, pourquoi n'ont-ils pas portés plainte ?"
Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet, selon nos informations.