Airbnb a publié des chiffres affirmant que "moins d'un logement entier sur dix" est loué plus de 120 jours par an (la durée légale à Paris). La mairie de Paris conteste ces chiffres et affirme que seules 40% des annonces mises en ligne par la plateforme sont légales.
La bataille des chiffres en cache une autre : l'impact d'Airbnb dans la capitale. La plateforme américaine a publié des données ce vendredi 20 décembre qui affirment que seuls 4.100 logements entiers ont été loués plus de 120 jours via ses services à Paris en 2019.
Un chiffre "en baisse de 40% sur un an", en raison du blocage automatique mis en place depuis janvier pour les résidences principales. Cela signifie que "moins d'un logement entier sur dix" loué dans la capitale via Airbnb - sur 65.000 au total à Paris - l'a été plus de 120 jours (soit la durée légale pour les résidences principales dans 18 villes dont Paris).
Et toujours selon la plateforme, seuls "2% des logements entiers" loués en 2019 via Airbnb l'ont été à l'année, soit quelque 1.040, dont 300 dans les quatre premiers arrondissements de la capitale.
Vers une interdiction d'Airbnb dans certains arrondissements ?
C'est la première fois qu'Airbnb publie de tels chiffres, alors que l'ampleur du phénomène des locations touristiques entre particuliers fait l'objet d'une guerre de communication entre plateformes et nombre de grandes villes.Les premières assurent que les locations touristiques entre particuliers sont un phénomène marginal rapporté à l'ampleur du marché du logement, alors que les secondes voient dans le succès d'Airbnb notamment une cause majeure de la difficulté à se loger - en particulier à Paris où la maire socialiste Anne Hidalgo a évoqué l'interdiction de la plateforme dans certains quartiers.
"Entre 25.000 et 30.000" appartements loués selon la mairie
Interrogée vendredi par l'AFP, la Ville de Paris a contesté les chiffres d'Airbnb. S'appuyant sur l'observatoire citoyen Inside Airbnb et ses propres opérations de contrôle, elle estime qu'"entre 25.000 et 30.000" appartements sont loués à l'année via Airbnb dans la capitale, et donc retirés du marché locatif classique au détriment des Parisiens.Selon elle, seules 40% des annonces mises en ligne par Airbnb sont légales car dotées d'un numéro d'enregistrement, contre 95% pour Booking et 75% pour Abritel. De son côté, Airbnb ne donne pas de chiffres, disant ne pas être "en mesure d'authentifier" ces enregistrements.
En février 2019, la mairie de Paris a assigné AirBnb en justice pour avoir mis en ligne 1.000 logements non enregistrés.
L'UE appelé à réviser sa législation
L'activité des plateformes est toutefois de plus en plus régulée: voté fin novembre, le projet de loi "Engagement et proximité" leur impose de transmettre aux communes le nom du loueur et de dire si le bien loué constitue ou non sa résidence principale, afin d'identifier les éventuels contrevenants et de faire appliquer les sanctions prévues par la loi Elan sur le logement de 2018.Jeudi, la Cour de justice de l'Union européenne a jugé qu'Airbnb ne pouvait être contrainte à se conformer aux règles de la profession d'agent immobilier, comme le souhaitait l'organisation d'hôteliers française AhTop.
Au lendemain de cette décision, huit grandes villes européennes dont Paris, Amsterdam, Berlin et Barcelone ont appelé l'UE à réviser en "urgence" la réglementation sur les locations de courte durée pour mieux réguler celles-ci.