Attaque au couteau pont de Bir Hakeim à Paris : le jardin mémoriel des enfants du Vel d'Hiv ciblé par l'assaillant

Le Franco-Iranien Armand Rajabpour-Miyandoab mis en examen puis écroué pour l'attaque mortelle au couteau samedi soir à Paris près de la tour Eiffel, envisageait de s'en prendre aux visiteurs du jardin mémoriel des enfants du Vel d'Hiv.

Lors de sa garde à vue, le Franco-Iranien Armand Rajabpour-Miyandoab qui a prêté allégeance à l'Etat islamique est apparu "désincarné" et "froid", selon une source proche de l'enquête. Il a indiqué avoir envisagé "plusieurs cibles", et notamment le jardin mémoriel des enfants du Vel d'Hiv, en mémoire des enfants juifs raflés les 16 et 17 juillet 1942 pendant la Shoah. "Il y avait de sites juifs envisagés, mais pas que", précise la source judiciaire.

Le suspect a également indiqué, d'après une source proche de l'enquête, ne pas avoir supporté que la tour Eiffel ait été allumée "aux couleurs d'Israël" après les massacres commis par le mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre.

Selon une source judiciaire, l'homme de 26 ans a affirmé en garde à vue avoir répondu à un "appel fin octobre de l'Etat islamique, demandant à tuer des juifs". Il dit avoir agi "en réponse aux exactions, selon lui, de l'Etat d'Israël sur la bande de Gaza".

Mercredi, il a été mis en examen pour assassinat et tentative d'assassinat, en relation avec une entreprise terroriste et en état de récidive légale, et pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, a indiqué le parquet national antiterroriste (Pnat). Un juge des libertés et de la détention (JLD) a ensuite décidé de son placement en détention provisoire, comme l'avait requis le Pnat, mais aussi de son placement à l'isolement. 

"J'ai combattu cette mesure", a précisé son avocate Clémentine Perros, mais le juge a estimé qu'elle était nécessaire pour "la sécurité de mon client et des agents pénitentiaires". Lors de l'audience devant le JLD, l'assaillant est apparu l'air concentré, avec une longue barbe noire et des égratignures au visage, vêtu d'une polaire grise, a constaté une journaliste de l'AFP. Les débats se sont ensuite tenus à huis clos.

Proposition de mariage

Dimanche, ses parents et une proche avaient été à leur tour placés en garde à vue dans les locaux de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI). Les parents, "très attachés à la France" selon une source proche de l'enquête, ont été remis en liberté dès lundi. La garde à vue de sa proche a été levée mercredi matin sans poursuites à ce stade.

Cette femme de 27 ans "appartient à la sphère jihadiste" et avait reçu une proposition de mariage récente de l'assaillant. Ce dernier l'avait "vue la veille" de son passage à l'acte, selon une source proche de l'enquête.

Un gouvernement sous pression

Le gouvernement est sous pression depuis cet attentat survenu après celui mi-octobre d'Arras dans le Pas-de-Calais, qui a coûté la vie à un enseignant et conduit au relèvement du plan Vigipirate au niveau maximal "urgence attentat". La Première ministre Elisabeth Borne s'est dite prête à mettre davantage de moyens pour protéger les Français après cette nouvelle attaque, dans un entretien mis en ligne mercredi soir par Le Figaro.

Armand Rajabpour-Miyandoab avait déjà été condamné à cinq ans d'emprisonnement pour association de malfaiteurs terroriste, après un projet d'action violente à la Défense, le quartier des affaires à l'ouest de Paris, en 2016. Il était sorti en mars 2020 de prison. Avait-il encore des liens au sein de la sphère islamiste ? Les enquêteurs sont limités dans leurs investigations par le fait qu'ils n'ont pas retrouvé de téléphone de cet homme, selon la source proche de l'enquête.

"Un ratage psychiatrique" selon le Gérald Darmanin

Depuis samedi, son suivi médical a suscité interrogations et critiques. Il était soumis à une injonction de soins "impliquant un suivi psychiatrique resserré et contrôlé par un médecin coordinateur" jusqu'à la fin de la mise à l'épreuve le 26 avril 2023, après une nouvelle expertise psychiatrique, selon le Pnat.
"Il y a eu manifestement un ratage psychiatrique", avait aussi estimé lundi le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

"La difficulté ici est l'injonction thérapeutique. Comment on peut contraindre quelqu'un à prendre ses médicaments ? C'est ce à quoi nous réfléchissons", a-t-il poursuivi. La mère du suspect avait confié en octobre à la police s'inquiéter pour son fils, voyant qu'il "se repliait sur lui-même", selon le procureur antiterroriste.

Les services de police avaient alors tenté de le faire examiner par un médecin et de l'hospitaliser d'office, une mesure finalement impossible en l'absence de troubles, selon une source proche du dossier. D'après une source au sein des services de renseignement, environ 20% des 5.200 personnes connues pour radicalisation en France souffrent de troubles psychiatriques.

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