En janvier 2015, François Hollande fait face à une vague d’attentats djihadistes sans précédents. "Ça m’a changé humainement", raconte l'ancien chef d’Etat, qui retrace des "souvenirs qui ne s’effaceront jamais".
À la veille du début du procès des attentats de janvier 2015, France 3 Paris Île-de-France diffuse un dispositif spécial à l'antenne et sur nos supports numériques. Ce mardi, nous poursuivons notre série intitulée "La parole à..." avec le témoignage de François Hollande, président en exercice le soir des attaques.
L'ancien chef d’Etat a accepté de parler de ces événements, et de "souvenirs qui ne s’effaceront jamais". "Un journal, Charlie Hebdo… Je connaissais cette équipe de rédaction, explique François Hollande. J’avais des amis parmi les victimes, donc quand l’annonce m’est faite, c’est à la fois pour moi un défi qui nous est lancé par rapport à la liberté d’expression dans notre pays ; un acte terroriste d’une extrême gravité ; et aussi la mort de plusieurs de mes proches."
François Hollande se souvient avoir été appelé par Patrick Pelloux, membre de la rédaction et médecin urgentiste, alors sur les lieux, "où il a vu ses propres camarades au sol" : "Il m’appelle, et me dit combien l’acte qui vient de se produire est d’une immense gravité".Nous avions déjoué un certain nombre d’attentats, nous savions qu’il y avait une menace terroriste, que certains lieux étaient plus exposés. Mais savoir que ça allait être là, non.
"Il y avait déjà eu d’autres actes terroristes, rappelle l'ancien Président. Certains pendant la campagne présidentielle de 2012 : Montauban, Toulouse… Nous avions déjoué un certain nombre d’attentats, nous savions qu’il y avait une menace terroriste, que certains lieux étaient plus exposés. Mais savoir que ça aller être là, non."
"Ça m’a changé humainement"
Cinq ans après avoir appelé à l’unité nationale, face à la vague d’attentats, François Hollande déplore aujourd’hui "une moindre vigilance, puis surtout une moindre cohésion" : "Je veux toujours rappeler que ce que cherchent les terroristes, c’est précisément nous diviser. Nous devons toujours faire bloc, c’est ça la force de la France.""La société voit que cette guerre est longue, qu’on en n’a jamais terminé, que même si Daech a été largement détruite en tant qu’organisation, il y a encore des foyers terroristes, des individus qui passent de la radicalisation à l’action terroriste et qui peuvent encore commettre des attentats", note-t-il.
S’il se rappelle toujours avec fierté de la marche du 11 janvier, François Hollande explique que la période des attentats l’a "changé humainement" : "J’ai affronté des détresses humaines, des familles éplorées. J’ai été amené à prendre des décisions extrêmement lourdes… J’ai assumé mes responsabilités, et j’ai été, je crois, pleinement dans ma tâche."
Le procès, qui débute le 2 septembre, est "nécessaire, parce qu’il y a des personnes qui doivent répondre de leurs actes", commente enfin François Hollande. "Refaire le parcours de ces individus terroristes, voir ce qu’est la dérive islamiste, la radicalisation… Ça permet aussi d’avoir toute la transparence nécessaire, que rien ne soit mis à l’écart. Que les juges, les parties civiles, les avocats puissent aller au bout de leurs interrogations. Et puis enfin, un procès, c’est des condamnations."