Au Musée des Arts Décoratifs, l'enjeu de l'entretien des collections en période de confinement

L'absence de visiteurs entraîne le Musée des Arts Décoratifs à prendre des mesures pour conserver leurs œuvres. Les plus fragiles, comme les œuvres textiles, sont particulièrement protégées.

Sous 12 mètres de hauteur, pas une âme pour admirer les œuvres de l'exposition Luxes. Pourtant, si les visiteurs sont absents, les objets exposés sont biens présents, la plupart recouverts pour les préserver.

"Nous avons réfléchi à tout ce qui était le plus dangereux pour les collections dans un musée fermé, sans public. Exposer une œuvre, cela veut dire prendre un risque, un risque que l'on mesure. Fermer un musée, s'en est d'autres qui surgissent et il faut y réfléchir en fonction de la sensibilité des collections", explique ainsi Florence Bertin, responsable du département des collections du Musée des Arts Décoratifs.

Car on pourrait penser, au premier abord, que le public est le principal facteur de perturbation d'une exposition. Mais ce facteur est bien connu des conservateurs contrairement à une période de fermeture prolongée d'un musée.

 

Les insectes dans le viseur

Parmi les nombreuses menaces qui pèsent sur les œuvres, la poussière est sans doute celle qui est la plus présente, raison pour laquelle les objets qui ne sont pas sous vitrines sont recouverts d'une sorte de toile efficace contre les poussières et la lumière.

Mais un autre élément préoccupe les équipes du musée : la prolifération des insectes. "Pendant le confinement, ils sont plus tranquilles donc on a plus de risques qu'ils se développent, même si l'on est en hiver et ce n'est pas la période de reproduction des insectes, dans un musée c'est un peu le printemps toute l'année", indique Florence Bertin.

Des pièges à phéromones sont placés sous toutes les pièces en textile pour les protéger. Dans les salles sont aussi placées des lumières vertes, actives en permanence, pour piéger les insectes volants.

"Le public représente un des facteurs de risque parce qu'il peut toucher, il peut véhiculer des insectes, ou faire du vandalisme. Mais le public dérange les insectes. En période de confinement, on a bien vu que les infestations proliféraient plus vite", poursuit-elle.
 

"À la fois intéressant et inquiétant"

Tous les matériaux sont concernés par ces problématiques d'altération. Les pièces en bois peuvent être mangées par les termites et celles en métal, même placées dans des vitrines, sont exposées au temps et au climat. Car le bois de ces vitrines dégage des composés organiques.

"Nous mettons des absorbeurs dans les vitrines car sinon, les pièces, notamment en argent, se corroderaient très rapidement. S'ils se corrodaient, il faudrait les nettoyer et à chaque fois qu'on les nettoie, on enlève quelques nanomètres de l'objet", indique Florence Bertin.

Ces périodes de confinement, si elle met à l'épreuve les équipes chargées du musée comme dans de nombreux secteurs, permettent de tirer certains enseignements. Une centaine de capteurs répartis dans l'ensemble du musée logé dans une aile du palais du Louvre permet ainsi d'étudier le climat du bâtiment sans public. Cela permet aussi de mesurer la vitesse d'empoussièrement des lieux.

"Cela n'était jamais arrivé que l'on ne dépoussière pas les œuvres pendant plus d'un mois. C'était à la fois intéressant et inquiétant de voir ce qui se dépose sans perturbateur", détaille cette responsable du département des collections.

Le Musée des Arts Décoratifs ouvrira de nouveau ses portes le 15 décembre prochain. En attendant cette date, de nombreuses œuvres resteront cachées sous leur voile que les équipes espèrent retrouver dans leur état initial.
 
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