Basket : les ventes du NBA Paris Game, un "succès monstrueux exacerbé par le phénomène Wembanyama"

La billetterie du match de NBA organisé le 11 janvier prochain à Paris, qui verra s’opposer les Brooklyn Nets et les Cleveland Cavaliers, a connu une nouvelle fois un succès fou malgré des prix élevés. Un engouement pour la ligue américaine accentué cette année par les débuts outre-Atlantique du Français Victor Wembanyama.

"Visiteurs devant vous dans la file d’attente : 41 498", affichait la billetterie en ligne du NBA Paris Game 2024 ce mercredi, quelques heures après son ouverture à midi. La rencontre entre les Nets de Brooklyn et les Cavs de Cleveland se tiendra le jeudi 11 janvier, à l’Accor Arena (Bercy).

Dès les préventes, accessibles depuis lundi, les places les moins chères étaient visiblement déjà épuisées. La catégorie avec les prix les plus élevés affiche des tickets à 925 euros l’unité.

La billetterie a d'ailleurs suscité des critiques sur les réseaux sociaux. "Mdr les prix pour la NBA Paris Game… Donc les pauvres peuvent pas profiter ?", réagit une fan sur X (ex-Twitter). "Bon bah le NBA Paris Game on va le regarder depuis la maison hein", déplore un autre. "Y a déjà plus rien pour les NBA paris games, super mal géré (par la NBA) avec le site qui ne chargeait même pas, j'imagine que tous les bots ont tout pris et voilà...", regrette un autre internaute.

"Aujourd'hui c'était la seule occasion pour certains fans des Cavs et des Nets de pouvoir voir leur équipe préférée jouer !", réagit par ailleurs un compte de supporters des Cleveland Cavaliers, critiquant un manque d’"info claire" et une opération mal organisée.

Un intérêt pour la NBA boosté par la "Wembamania"

"Les fans français regardent la NBA à la télé, sur les écrans, donc quand la ligue vient à Paris, tout le monde se jette sur l’opportunité. Les précédentes éditions du Paris Game avaient déjà suscité beaucoup d’engouement, mais c’est sûr qu’il y un effet Wembanyama plus globalement pour la NBA, ça met un coup de boost. Les médias généralistes le suivent, tout le monde en entend parler même au-delà des fans, ça met la lumière sur le basket", explique Nicolas Meichel, co-rédacteur en chef du site Trashtalk, qui suit l'actualité de la NBA.

"La première édition du Paris Game, tel qu’on le connaît, date de 2020 avec un match entre les Charlotte Hornets et les Milwaukee Bucks. J’avais eu l’occasion d’y assister en tant que journaliste, c’était une belle expérience. Mais avant ça, la NBA était déjà venue à Paris dès 1997 dans le cadre de l'Open McDonald's, avec les Chicago Bulls de Michael Jordan", précise-t-il.

"Pour ce genre d'événement, la demande est extrêmement forte, indique également Virgile Caillet, expert en économie du sport et en marketing sportif, et délégué général à l’Union Sport et Cycle. Le NBA Paris Game existe déjà depuis plusieurs années, mais pour cette édition c’est un succès monstrueux exacerbé par le phénomène Wembanyama, qui est un joueur unique."

Formé à Nanterre, le Français a été sélectionné en première position par les Spurs de San Antonio à la draft 2023 de la NBA, après une saison avec les Metropolitans 92 à Levallois-Perret.

Ventes de maillots, chiffres records sur les réseaux sociaux… Les débuts du Français en NBA ont fait exploser les audiences de la ligue. La NBA a mis en avant une augmentation de 220% de vues en France pour les matchs des Spurs sur son "League Pass" - son offre en ligne par abonnement - par rapport à l'année dernière.

"La NBA n’a jamais été autant internationalisée"

Un intérêt pour la NBA qui dépasse l’aspect sportif ? Lors de la précédente édition du NBA Paris Game, remportée par les Chicago Bulls face aux Détroit Pistons (126-108), le spectacle était surtout dans les tribunes, avec la présence de Tony Parker, Joakim Noah mais aussi de nombreux stars autour du parquet à Bercy.

"Pour ce qui est du public visé, on peut se poser la question vu les tarifs, souligne Nicolas Meichel. Les prix sont très élevés donc toute une partie de la population ne peut pas se le permettre. Au premier rang il y a beaucoup d’influenceurs, des footballeurs… La NBA veut se montrer, c’est le spectacle. Beaucoup de fans ressentent que c’est réservé à une élite, c’est un peu dommage. Même si l’affiche est belle, avec deux équipes jeunes et ambitieuses et des stars montantes comme Donovan Mitchell et Mikal Bridges. Il n’y a pas de Français cette année, mais ça reviendra avec Wemby c’est sûr."

"On vient pour un spectacle, un rendez-vous, une atmosphère. La NBA porte tout un imaginaire, renforcé aujourd’hui par Wembanyama", estime Virgile Caillet.

"La stratégie de la NBA est toujours la même, ajoute-t-il. Ils ont besoin de développer et surtout de fidéliser tous les territoires commerciaux qu'ils doivent exploiter. Le potentiel de développement de la ligue n’est pas aux Etats-Unis mais sur les autres continents. Il y a déjà eu un travail énorme en Asie. L’objectif est de développer l’attractivité des franchises, et d’entretenir le mythe. Les revenus de la NBA viennent principalement des droits TV."

"La stratégie internationale de la NBA, qui s’exporte à l’étranger depuis les années 90, est vraiment globale et fonctionne bien, ajoute Nicolas Meichel. Aujourd’hui la ligue est diffusée dans 215 pays, et elle essaie de toucher un public de plus en plus jeune via les réseaux sociaux. Pour l’aspect sportif, il y avait 125 joueurs internationaux - dont 14 Français - dans les effectifs des équipes NBA en début de saison, la ligue n’a jamais été autant internationalisée. Nikola Jokić, Joel Embiid, Giánnis Antetokoúnmpo, Luka Dončić… Parmi les plus grands talents de la NBA, beaucoup sont internationaux."

Au-delà de Paris, la NBA organise régulièrement des rencontres à l’international, avec notamment deux matchs de présaison organisés début octobre à Abu Dhabi. Ce jeudi 9 novembre, le NBA Mexico City Game accueille d'ailleurs le Magic d'Orlando Magic et les Hawks d'Atlanta au Mexique.