Violences policières : BRAV-M, cette brigade parisienne au centre de toutes les attentions

Les BRAV-M, ces policiers chargés du maintien de l'ordre et qui se déplacent à moto, font l'objet de vives critiques depuis leur création en 2019. Les mobilisations contre la réforme des retraites ont relancé le débat autour de leurs actions, souvent jugées violentes et illégitimes. On vous explique.

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Les BRAV-M, acronymes pour "Brigades de répression de l'action violente motorisées", sont des policiers parisiens qui ont pour particularité d'intervenir à moto, casqués et armés, à Paris et en petite couronne.

Ils sont spécialisés dans le maintien de l'ordre et interviennent le plus souvent au cours de manifestations, sur des violences urbaines, des dégradations ou des actions de dispersion, mais également en soutien à d'autres unités en difficulté.

Cette brigade, dont l'objectif est de pouvoir intervenir rapidement grâce à leurs véhicules légers, a été créée au printemps 2019 en réaction au mouvement des Gilets jaunes. "L'idée était de pouvoir intervenir vite, là où les grosses compagnies ne passent pas ou sont trop lourdes avec leurs kilos de matériel", a expliqué à l'AFP, le commandant de police Patrick L., qui a participé à sa création. Elle est actuellement composée de 92 équipages. Ils sont chacun constitués d'un pilote (casque blanc) et d'un opérateur (casque noir). 

Ce qui leur est reproché

Depuis leur création en 2019, ces unités font régulièrement l'objet de débats sur leur usage de la force. Depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites, plusieurs policiers de la BRAV-M font d'ailleurs l'objet d'une enquête judiciaire pour des faits de violences à l'encontre de manifestants.

Ce vendredi, un enregistrement audio de policiers de la BRAV-M en train de menacer des jeunes manifestants lors d'une mobilisation spontanée le 20 mars a été révélé par Le Monde et Loopsider. On peut y entendre des propos violents comme : "T'as tellement de chance d'être assis-là, je te jure je te pétais les jambes, dans le sens propre. Je peux te dire qu'on en cassé des coudes et des gueules. Toi je t'aurais bien pété tes jambes". Dans cet enregistrement, d'autres bruits sont perceptibles, qui peuvent être assimilés à des gifles données par des policiers de la BRAV-M.

L'unité de cette force de police, impliquée dans les violences la semaine dernière, a été formellement identifiée explique une source proche du dossier ce lundi 27 mars.

Salomé et Souleyman, âgés respectivement de 23 et 22 ans, font partie des sept membres du groupe interpellé lors de la manifestation du 20 mars. Ce lundi 27 mars, ils ont porté plainte contre le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, et contre les policiers de la BRAV-M présents sur place pour violation de liberté individuelle, et faux en écriture publique.

La plainte de Souleyman, un étudiant tchadien, vise également des faits d'"agression sexuelle commise par personne dépositaire de l'autorité publique en réunion". Il rapporte qu'un policier l'a "attrapé par le sexe" et l'a insulté en lui indiquant "t'as même pas de couilles".

La réponse des autorités

A la suite de ces révélations, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, s'est exprimé dans l'émission C à vous diffusée sur France 5 le 24 mars dernier, en ces termes : "Quand j'entends cette vidéo je suis, comme tout le monde, très choqué. Evidemment que je demanderai la saisine de l'Inspection générale de la police nationale. […] Ces propos sont graves."

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a quant à lui déclaré samedi: "Evidemment, il y aura des sanctions". L'IGPN a été saisie par le préfet de police. Le parquet a, de son côté, ouvert samedi une enquête judiciaire.

Selon la préfecture de police, la mise en place et les interventions de la BRAV-M ne se font qu'en "cas de nécessité". "Nous avons pu constater de nombreux faits de violence lors des précédentes nuits de rassemblement. Ainsi, il est normal que ces brigades interviennent rapidement et de manière extrêmement mobile afin de faire cesser les violences urbaines", s'est expliquée la préfecture de police par voie de communiqué. 

Quel avenir pour cette brigade ?

Une source proche du dossier indiquait ce lundi que les policiers entendus dans l'enregistrement avaient été formellement identifiés, mais qu'ils n'avaient pas été suspendus pour le moment.

De quoi susciter la colère de plusieurs députés franciliens comme Antoine Léaument (10ème circonscription de l'Essonne) et Thomas Portes (3ème circonscription de la Seine-Saint-Denis) qui appellent à la dissolution de la BRAV-M via une pétition publiée sur le site de l'Assemblée nationale le 23 mars.

"Brigade créée en mars 2019 sous l’impulsion du préfet Lallement pour bâillonner le mouvement des Gilets Jaunes, elle est devenue l’un des symboles de la violence policière. Loin d’assurer un retour à l’apaisement, son action participe de l’augmentation des tensions, y compris à l’encontre des forces de l’ordre", détaille ainsi la pétition.

Les auteurs ajoutent : "Nous demandons la dissolution de la BRAV-M. Stoppons le massacre". Une option exclue à ce jour par le préfet de police de Paris. "Le comportement de quelques individus ne doit pas jeter l'opprobre sur toute une unité qui, ces dernières années, et singulièrement en ce moment, prouve toute son utilité", a déclaré le préfet sur France Info.  

Si la pétition recueille au moins 500 000 signatures, elle pourra faire l'objet d'un débat en séance publique à l'Assemblée nationale.

Source : AFP

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