Une centaine de sans logis avait rejoint ce mardi le campement déjà installé par l'association Droit au logement (DAL) place de la Bastille. Les 200 personnes à la rue présentes ont été évacuées dans la soirée par les forces de l'ordre.
L 'installation des personnes sans logis n'aura duré que quelques heures. Suite d'un arrêté préfectoral pris dans le cadre de la sécurisation des Jeux olympiques, afin de "garantir la protection des personnes et des biens contre les risques d'attentat dans un contexte de menace terroriste aigüe", les forces de l'ordre ont évacué le campement dans la soirée mardi 6 août.
Selon le collectif, le Revers de la médaille,"l'arrêté a été suivi d'une évacuation policière et la confiscation des tentes et des effets personnels, sans aucune proposition d'hébergement pour ces personnes, familles DALOs, sans-abris, mineurs isolés, participants au mouvement."
Les hommes, femmes, enfants ont passé la nuit dans un square, puis sous un pont pour s'abriter de la pluie, avec l'aide de DAL et d'Utopia 56, ajoute le collectif qui demande l'annulation de l'arrêté préfectoral.
Campement place de la Bastille
Mardi 6 août, des personnes migrantes et des jeunes se présentant comme des mineurs non accompagnés ont déployé leurs tentes multicolores aux côtés de celles déjà présentes depuis début juin par des personnes en attente d'un logement social.
"Cette installation a pour objectifs indissociables l’hébergement stable des personnes sans-abris et un engagement de relogement des prioritaires DALO par l’État. Elle met en lumière les conditions de vie de ceux exclus de la promesse d’héritage social des Jeux olympiques et paralympiques, ainsi que le nettoyage social mené depuis un an à l’encontre des plus précaires et la gentrification urbaine du fait des jeux", explique Utopia 56 dans un communiqué.
"La crise du logement provoque une augmentation des expulsions locatives en raison de loyers trop chers. A cela s'ajoute le manque de logement social. Dans le même temps, les bâtiments vacants sont de plus en plus nombreux", a dénoncé au mégaphone Jean-Baptiste Eyrault, porte-parole du DAL.
"Ce n'est pas la fête pour tout le monde", a commenté de son côté Yann Manzy, membre fondateur d'Utopia 56, en évoquant les Jeux olympiques de Paris.
Des expulsions en hausse
Malik, un Sénégalais de 28 ans, vivait dans un foyer, mais a dû quitter son logement lorsqu'il s'est marié. "Depuis je dors dans un garage avec ma femme enceinte de 7 mois", raconte ce commis de cuisine en attente d'un titre de séjour.
Selon le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre publié en février, les expulsions locatives ont atteint un niveau record en 2022 (17.500). De même, le nombre de personnes à la rue a augmenté, en particulier celui d'enfants.
Plus de 8.300 personnes, dont 2.800 mineurs, ont été refusées chaque soir par le 115 (le numéro pour demander une place dans un centre d'urgence) à l'automne dernier, contre 6.300 un an plus tôt.
En parallèle, les demandes de logement social sont au plus haut, avec 2,6 millions de ménages en liste d'attente.
120 000 places d'urgence en IDF, selon la région
Depuis des mois, le collectif le Revers de la médaille dont fait partie Utopia56 alerte sur l'expulsion des populations précaires de Paris, en amont des olympiades parisiennes, en particulier des camps de migrants.
La région rappelle de son côté l'ouverture de 120.000 places d'urgence chaque nuit en région parisienne et la création de 216 places d'hébergement pérennes supplémentaires.
Le 25 juillet, plus de 300 personnes qui campaient devant la mairie du 18e arrondissement de Paris pour réclamer un toit ont trouvé une place dans un hébergement d'urgence, mais une centaine de personnes sont restées à la rue, selon Utopia 56.