Coronavirus - Tous les bus nettoyés et les métros désinfectés deux fois par jour selon la présidente de la RATP

La RATP continue d'assurer une partie de son service malgré la crise sanitaire du coronavirus. Dans un entretien exclusif à Parigo, Catherine Guillouard, PDG de la régie autonome, affirme que les prolongements de lignes vont probablement avoir du retard.

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La crise provoquée par l'épidémie de coronavirus ne va pas sans poser de nombreux problèmes dans les transports en commun, et en premier lieu à la RATP. Catherine Guillouard, dirigeante de l'entreprise depuis 2017, aborde avec Parigo le défi de maintenir un tel service dans cette période particulière et se défend d'avoir tardé à protéger les employés sur le terrain.

Parigo : Trois de vos agents sont décédés du Covid-19, 106 autres testés positifs. Dans ces conditions, maintenir l'exploitation, même minimale reste-t-elle un défi quotidien ?  

Catherine Guillouard : Nous sommes en première ligne de la crise du Covid. C'est grâce à nos équipes d'exploitation, de maintenance, que nous arrivons à continuer cette activité qui est essentielle pour d'autres services. Je pense notamment aux hospitaliers. D'ailleurs pour eux, nous avons créé des lignes de bus dédiées. Aujourd'hui, nous sommes une entreprise durement affectée. Au moment où l'on se parle, nous avons trois décès de nos collègues.Nous sommes vraiment extrêmement vigilants et très mobilisés. Nous avons une offre aujourd'hui de 30% par rapport à la normale. Sur le métro c'est un peu plus. Par exemple sur la ligne 1, nous sommes à 50%, à 40% sur les tramways et 33% sur les bus. Aujourd'hui, la population est confinée mais nos agents continuent de travailler pour permettre aux autres activités essentielles comme les hôpitaux, mais aussi la gestion des déchets, l'eau, l'énergie, de pouvoir se rendre au travail. C'est un grand élan de service public actuellement à la RATP.

► Voir le replay de l'émission : 

Vous avez été la première dans une entreprise de transports à annoncer la fourniture de masques pour vos agents, mais n'arrivent-ils pas trop tard ?

Il n'y a aucun retard. Depuis le début de la crise, on travaille en toute transparence, et au premier chef, la médecine du travail qui est notre partenaire clef dans cette crise sanitaire.

La ligne de conduite que j'ai fixée est très simple : nous suivrons scrupuleusement les recommandations des médecins du travail. La situation est évolutive, l'analyse qui est faite par les médecins évolue. C'est pour cela que nous avons été la première entreprise début avril à mettre en place des mesures barrières de distanciation de 2 mètres. Très peu d'entreprises en France ont fait cela.

Nous avons été la première entreprise début avril à mettre en place des mesures barrières de distanciation de 2 mètres.

A partir du moment où le Directeur général de la santé et l'Académie de médecine ont sorti des travaux, vendredi 3 avril au soir, explicitant que le port permanent de masques pouvait être une barrière complémentaire, les médecins du travail de la RATP ont fait une recommandation pour faire porter des masques aux salariés qui concourraient à l'exploitation et à la maintenance, en clair qui sont sur le terrain. Ils ont fait cette recommandation le 6 avril, le même jour j'ai décidé de l'appliquer, avec l'accord de mes autorités de tutelle. Comme nous avions commencé à avoir une filière d'approvisionnement et constitué des stocks, nous avons été en état de les distribuer en 48h.
 

Est-on bien armé pour désinfecter les transports ?

Aujourd'hui, nous avons 1.300 agents de nettoyage qui apportent un soin tout particulier aux zones de contacts : les barres de maintien, les mécanismes d'ouverture de portes. Ce qui était important, c'était d'avoir des produits à la fois désinfectants et virucides. Il faut à la fois que nous désinfections pour les clients mais il faut aussi que ce n'ait pas de toxicité pour les personnes qui nettoient.

Nous nettoyons les bus toutes les nuits, aucun bus qui sort n'est pas nettoyé et nous avons doublé le nettoyage sur le matériel roulant ferré. Comme avant, il est nettoyé la nuit mais aussi une fois entre 10h et 16h, c'est-à-dire après la première heure de pointe et avant la seconde heure de pointe de façon à pouvoir renforcer le dispositif de nettoyage.

A Châtelet, une partie du nettoyage est fait avec des robots. A l'avenir, cela va faire partie des sujets majeurs.

Nous nettoyons les bus toutes les nuits, aucun bus qui sort n'est pas nettoyé et nous avons doublé le nettoyage sur le matériel roulant ferré.

Sur le prolongement des lignes, va-t-il y avoir des retards ?

Il ne faut pas se mentir. Aujourd'hui, l'impact sur les chantiers a été très fort. A la mi-mars, une grande partie des entreprises se sont arrêtées. Depuis, sous la houlette du gouvernement, un groupe de travail a été constitué et un protocole de reprise sanitaire de reprise sanitaire a été signé il y a quelques jours avec les entreprises du secteur du BTP pour cadrer les conditions de reprises.

La RATP avait deux priorités : sécuriser les chantiers et cibler deux projets prioritaires. D'abord la ligne 14 Nord à Saint-Ouen. Sur ce chantier, on a réceptionné le premier train MP14 en version commerciale, il est donc déjà sur le site de maintenance de Saint-Ouen. On a essayé de maintenir les essais et il va nous rester à finaliser l'aménagement des quatre stations. L'arrêt pendant quelques semaines des chantiers plus la reprise progressive ne permet pas de savoir l'impact exact que cela aura.

Il est trop tôt pour indiquer sur n'importe quel chantier de l'Île-de-France les impacts budgétaires et les délais.

Ensuite, sur l'automatisation de la ligne 4 (prévue fin 2022), la priorité a été donnée aux essais. C'est pour cela qu'elle n'ouvre qu'à dix heures les dimanches car on les continue.  

Il n'est plus pensable de s'entasser comme avant dans les RER et métros, comment imaginer le jour d'après ?

Il est absolument essentiel d'anticiper cette phase et l'on sait que le déconfinement ne va pas se faire du jour au lendemain. Il sera probablement dégressif et assez long.

La crise va avoir des impacts extrêmement durables sur le secteur des transports en commun. La première est liée à la situation des finances publiques puisque toutes les autorités de France vont avoir devant elle le sujet des DSP (délégations de service public) qui ont été passées avec les opérateurs à traiter. Cela nécessitera de l'argent public.

Puis un impact sur le financement des investissements et des projets en Île-de-France qui étaient colossaux et dont il va falloir se poser la question si l'on garde tout ou si des priorités devront être choisies. L'attractivité des transports publics va être quelque chose autour duquel toute la profession va devoir être vigilante. Qui dit transports publics dit partage de la mobilité. Est-ce que demain, le secteur sera encore au partage ? Avant la crise, la tendance de fond était à cela.

Le dernier point qui me frappe dans cette crise est l'enjeu des approvisionnements. Il va falloir réexaminer notre 'supply chain' à l'aune des critères de résilience, de dépendance et de diversification.
 
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