L'Observatoire du bruit en Île-de-France a mené une étude sur les nuisances sonores provenant des sirènes et des klaxons dans le 17e arrondissement de Paris grâce à des capteurs de bruit. L'enquête va être étendue à d'autres quartiers de la capitale et des radars anti klaxons installés.
"Entre les convois pénitentiaires qui amènent les détenus au palais de Justice et tous les convois officiels des ministres, du Président, des ambassadeurs, des diplomates qui passent avec les motards toutes sirènes hurlantes. C'est énorme ! Et cela crée des embouteillages assez invraisemblables", Phillipe, agent immobilier ne dissimule pas son exaspération.
L'agence de Philippe se situe boulevard Malesherbes, juste en face d'un immeuble où il y a deux ans "une méduse", un capteur de mesure sonore, a été installée par Bruitparif, l'Observatoire du bruit en Île-de-France.
"30 minutes de sirènes par jour"
Dans ce quartier à proximité des portes de Clichy et d’Asnières, un secteur proche du tribunal judiciaire de Paris, ce capteur a traqué et enregistré tous les bruits intempestifs provenant du trafic routier particulièrement intense.
En ligne de mire : les sirènes et les klaxons. Les résultats de cette évaluation sonore ont montré tout d'abord que 44 % du bruit ambiant émanait de sirènes, et 10 % des klaxons.
"On a par exemple caractérisé qu'il y avait en moyenne 90 sirènes par jour. Ce qui représente une durée cumulée de près de 30 minutes de sirènes si on les mettait bout à bout", précise Fanny Mietlicki, directrice de Bruitparif.
"Parfois on a surtout les ambulances qui utilisent deux sirènes à la fois : leur sirène classique et puis une sirène américaine pour bien être repéré et ça, c'est double peine pour les riverains"
Fanny Mietlicki, directrice de Bruitparif.
Les données produites par cette étude permettent aussi d'en savoir plus sur l'origine de ces sources sonores. Et statistiquement parlant, la palme du bruit produit par les sirènes revient à la police nationale. "On a beaucoup de sirènes de véhicules de la pénitentiaire : 72 %. Après, on a 13 % de sirènes qui sont plutôt type pompier et puis 5 % de SAMU, 5 % d'ambulances et 5 % de gendarmerie", détaille la directrice de Bruitparif.
Un plan contre les nuisances sonores
Pour conduire cette étude, Bruitparif a travaillé de concert avec la mairie du 17e arrondissement qui s'est dotée depuis le 1er avril 2022 d'un comité local de lutte contre le bruit. Le maire (LR ) Geoffroy Boulard qui a déjà engagé une première expérience de lutte contre les nuisances sonores avec la SNCF, compte bien s'appuyer sur cette étude pour sensibiliser les autorités de l'Etat au nom, dit-il, de la santé publique.
Les données de Bruitparif ont donc été transmises au préfet de police qui a demandé à ses services un plan pour réduire les nuisances sonores. S'est tenue peu après, une réunion avec la préfecture de police, les ambulanciers et l'administration pénitentiaire, relate l'édile.
"Les pompiers de Paris nous ont fait un point sur l'avancement du remplacement de leur parc de véhicules avec sirènes qui sont adaptées et qui sont moins fortes. Du côté de la police, une circulaire a été renvoyée à tous les fonctionnaires notamment de la police judiciaire, des unités spécialisées (... ) qui traversent notre arrondissement pour aller au tribunal de Paris."
Quant aux agents de la pénitentiaire, "ils nous ont clairement dit que s'il y avait une perception de bruit plus importante par les riverains du boulevard Malesherbes - secteur de porte d'Asnières, c'est parce qu'ils avaient cette nouvelle contrainte d'utiliser davantage leur sirène depuis l'attaque d'un fourgon pénitentiaire à Incarville en mai 2024", raconte Geoffroy Boulard.
En mars prochain, Bruitparif réinstallera dans le 17e deux capteurs pour mesurer l'évolution de la situation sonore du quartier, trois ans après sa première étude. À l’appui de ces nouvelles données, le maire de l'arrondissement projette de nouvelles réunions avec les autorités publiques, "un plan d'action". Et notamment à l’été 2025, l'installation de radars verbalisateurs qui sanctionneront les abus de klaxons.
Une nouvelle étude
L'étude pionnière de la porte d'Asnières, inédite en France selon Bruitparif, va être menée également dans quatre autres arrondissements de la capitale. Dans un secteur traversé par un axe qui va de l'hôpital Necker à l'hôpital Salpêtrière. Des capteurs sonores vont être installés l'an prochain sur les boulevards de Montparnasse, de Port-Royal, Saint-Marcel.
"Entre Necker et Salpêtrière, l'hôpital des armées, Cochin qui n'est pas loin, il y a énormément de d'hôpitaux, donc d'ambulances, de SAMU qui passent, mais aussi des convois d'officiels sur le boulevard du Montparnasse. On est proche des ministères", explique Fanny Mietlicki.
Lors du dernier Conseil de Paris, les élus ont voté une subvention de 20 000 euros pour financer cette nouvelle étude.