Crack à Paris : l'évacuation du campement Forceval, un coup d'épée dans l'eau ?

Demandé par les riverains, le démantèlement ce mercredi matin du campement du square de Forceval situé dans l'est parisien, laisse certains riverains et associations de prévention, sceptiques.

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Le campement du square de Forceval, dans le XIXe arrondissement, où se rassemble une centaine de consommateurs de crack depuis un an, est évacué depuis ce mercredi matin à la demande du ministre de l'Intérieur. Gérald Darmanin annonce également le déploiement de 1000 policiers sur le terrain "afin que ce campement ne se reconstitue pas ailleurs", a-t-il déclaré dans un tweet.

"On démantèle un campement aseptisé"

Les riverains demandaient cette évacuation depuis plusieurs mois. "Ça fait un an que ça dure, l'Etat a délaissé les riverains"avait confié à France 3 Ile-de-France, Mohamed Bader, le fondateur du collectif 93 Anti-crack, qui habite à Aubervilliers, et pourtant, certains restent sceptiques comme Stéphanie Benoist, porte-parole de l'association Village Villette.

"Il y a eu des fuites concernant l'opération de police. Ce matin, il n'y avait plus personne sur le campement. Ce n'est pas la réalité du campement. Seuls ceux qui n'avaient pas pu partir, les plus faibles, étaient encore là. Les toxicomanes et les dealers n'étaient plus là. Pour moi, c'est un coup d'épée dans l'eau. Je crains que le campement ne se reconstitue dès la police partie." Et de conclure : "Je suis très sceptique. Ma joie est largement très contenue. J'attends de voir ce qu'il va se passer dans les jours prochains."

"Depuis un an on demande l'évacuation mais aussi la prise en charge des toxicomanes et des malades du crack", a rappelé Melinda Bernardo, du collectif "93 Anti-Crack", présente sur le site mercredi matin.
"On est sceptiques sur cette évacuation, on n'a pas l'impression qu'elle soit suivie de ce qu'on demandait(...) une prise en charge et un accompagnement de ces personnes. On a peur que ce soit bis repetita avec un déplacement comme des bêtes et ça c'est insupportable pour nous",
a déploré Mme Bernardo, ajoutant que les riverains oscillent entre "peur et volonté de les aider".

Quelle prise en charge médicale ?

De son côté, l'association Médecins du Monde, qui accompagne les toxicomanes du square Forceval, et présente sur le campement ce mercredi matin, s'interroge sur la prise en charge médicale des personnes évacuées.

"Cette opération policière sert surtout à tranquilliser les riverains, et cela je le comprends bien", assure Marie Debrus, Référente Réduction des risques liés aux usages de drogues secteur France, Médecins du Monde Paris. "Mais on s'inquiète concernant la prise en charge médicale des toxicomanes. La répression recrée les conditions de reprise de 'scènes ouvertes' de consommation de crack : dans les caves, les parkings, le métro", dénonçant une "crise humanitaire orchestrée par les pouvoirs publics".

L'association Médecins du Monde interpelle François Braun, le ministre de la Santé sur les moyens alloués aux dispositifs pour lutter contre la toxicomanie.

"Le problème du crack dans notre pays n’est pas qu’une question d’ordre sécuritaire", affirme de son côté, Bertrand Kern, le maire PS de Pantin. "Si cette décision est un soulagement pour le Maire que je suis, mobilisé pour son territoire depuis plus d’un an maintenant, je crains que cette évacuation ait été mal préparée avec des moyens sanitaires sous évalués, entraînant une reconstitution du camp une fois les forces de l’ordre démobilisées", peut-on lire dans un communiqué.

Et de poursuivre : "J’ai toujours dit qu’une évacuation devait être conditionnée à la prise en charge transitoire des publics consommateurs de crack et à l’augmentation des moyens dédiés à la prise en charge médicale et hospitalière de ces publics. 

De son côté, le maire socialiste du 19e arrondissement, François Dagnaud a également réagi sur twitter : "Bien sûr, il fallait en finir avec Forceval. Le pire du pire pour les riverains et les toxicomanes. C'est pour nous l'espoir de sortir d'un trop long tunnel. Mais le sujet de santé publique que pose le crack exige aussi des réponses médico-sociales encore trop timides."

Pour le maire du 19e arrondissement, François Daganud, cette opération était "inévitable et nécessaire pour restaurer la vivabilité de nos quartiers" mais "pas suffisante". La reconstitution du camp est un "risque que tout le monde doit avoir à l'esprit et qui n'est dans l'intérêt de personne", a-t-il prévenu. 

Une réunion avec les parties prenantes et le ministre de l'Intérieur est prévue le 10 novembre sur le sujet.

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