Quelle est la responsabilité d'Airbus et Air France dans le crash du vol Rio-Paris du 1er juin 2009 qui a coûté la vie à 228 personnes. Le tribunal correctionnel de Paris rendra son jugement ce lundi.
Airbus et Air France ont-ils une responsabilité pénale dans le crash en 2009 du vol Rio-Paris ? Le tribunal correctionnel de Paris se prononce lundi, quatorze ans après la catastrophe qui a fait 228 morts.
Jugés pour homicides involontaires, le constructeur européen et la compagnie française, qui contestent toute faute en lien avec l'accident, encourent 225.000 euros d'amende. Mais les enjeux de la décision dépassent de loin cette sanction. Les investigations ont montré que des incidents de sondes similaires s'étaient multipliés dans les mois précédant l'accident. Air France a-t-elle suffisamment formé et informé ses équipages ? Airbus a-t-il sous-estimé la gravité du problème et trop peu alerté les compagnies ?
Ces questions ont été minutieusement débattues pendant les deux mois du procès, du 10 octobre au 8 décembre.
Relaxe requise
À l'heure des réquisitions, surprenant l'audience, le parquet a demandé la relaxe des deux entreprises, estimant que leur culpabilité était "impossible à démontrer".
Un réquisitoire "que les parties civiles n'ont pas accepté, exclusivement à charge contre les pilotes et en faveur de deux multinationales", a fustigé Danièle Lamy, présidente de l'association Entraide et Solidarité AF447, qui représente les proches des victimes.
"Ce que nous espérons, ce que nous attendons, c'est que le tribunal prononce enfin une décision impartiale et condamne Airbus et Air France, les coupables des négligences et manquements. C'est ce pourquoi nous nous sommes battus depuis pratiquement quatorze ans", a-t-elle déclaré.
Les conseils des sociétés n'ont pas souhaité s'exprimer avant le jugement. Leurs avocats avaient plaidé la relaxe, une "décision humainement difficile, mais techniquement et juridiquement justifiée", selon le conseil d'Airbus.
Mort de 216 passagers et 12 membres d'équipage
Le 1er juin 2009, le vol AF447 reliant Rio de Janeiro et Paris s'est abîmé en pleine nuit dans l'Atlantique, quelques heures après son décollage, entraînant la mort de ses 216 passagers et 12 membres d'équipage.
Dans l'A330 immatriculé F-GZCP se trouvaient des personnes de 33 nationalités, dont 72 Français et 58 Brésiliens. Il s'agit de l'accident le plus meurtrier de l'histoire des compagnies aériennes françaises.
Les premiers débris, ainsi que des corps, ont été retrouvés dans les jours suivants. Mais l'épave n'a été localisée que deux ans plus tard après de longues recherches, entre des hauts-reliefs sous-marins, à 3.900 mètres de profondeur.
Avec AFP