Depuis 2013, le comédien Nicolas Devort réussit un exploit : atteindre le chiffre symbolique de 1 000 représentations de son spectacle Dans la Peau de Cyrano. Il est à l’affiche à Paris, au Théâtre Le Ranelagh.
« Qu’est-ce qu’une histoire ? … Croire à une histoire, c’est faire une pause de soi, et laisser la place à d’autres personnages. » Ainsi démarre le spectacle de Nicolas Devort. Ce comédien est un formidable porteur d’histoires avec un pari de départ un peu fou : un plateau nu, une seule chaise d’école comme décor et aucun autre accessoire, même pas un faux nez.
Son héros Colin est un ado timide, bègue et nouveau venu dans son collège. Cela fait beaucoup de handicaps face à des camarades qui semblent bien plus sûrs d’eux-mêmes. Sa chance : son professeur de français, qui prend le temps de l’écouter, jusqu’au bout de ses phrases… bégayées. « Co-Colin », comme il se nomme quand il se présente, va réussir une fois par semaine à s’ouvrir pendant l’atelier théâtre.
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La pièce choisie pour le spectacle de fin d’année, Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, est le parfait miroir de ses difficultés verbales. Les répliques de son héros éponyme sont un creuset d’inventivité verbale où puiser pour envoyer valdinguer tous ceux qui le taillent en pièces :
A-ah bon, c’est tout ? A m-moi. M-moi j’aurais dit p-par exemple : B-bourin ! ça, ça devrait t-t’aller bien, b-bourin… Ce-ce sont tes dents qui b-bloquent le passage des mots. S-si j’en pétais quelques-unes, i-ils trouveraient leur chemin tout de go ! A-anxieux : v-vous n’avez pas peur, à force de t-tout répéter, d-de rester blobloblobloquer ?!
Extrait de Dans la peau de Cyrano de Nicolas Devort
Depuis sa création au Festival « off » d’Avignon, en 2013, Dans la peau de Cyrano cumule un millier de représentations à travers la France, y compris Paris. En ce début d'année, c'est au Théâtre du Ranelagh que dorénavant Nicolas Devort enthousiasmera les plus jeunes comme leurs parents.
« Nous parlions théâtre, et je découvre que les élèves ne connaissaient pas ce personnage, raconte Nicolas Devort au journal Le Monde. J’ai eu envie, non pas de raconter l’histoire de Cyrano, mais de donner envie de la découvrir. »
L’idée de ce spectacle est née de cette rencontre. Son succès aussi. Cela se sent : Nicolas Devort les aime, il porte un regard tendre sur eux, sur leurs difficultés à sortir de leur carapace trop étroite de homard lors de la crise d’adolescence. Françoise Dolto analysait ainsi cette transition compliquée de l’enfance vers le monde adulte. Avant d’en acquérir une autre, entre les deux, les ados sont vulnérables, agressifs ou repliés sur eux-mêmes.
En une fraction de seconde, le comédien Nicolas Devort réussit le tour de force d’interpréter Colin, Adélaïde, la jeune fille dont il est amoureux, Guyle, le lourdaud qu’elle aime. L’habituel triangle amoureux revisité ici avec talent à travers le prisme des vers de Cyrano.
Mais aussi au total, sept personnages qui prennent tour à tour vie sur scène, avec en fil conducteur ce bienveillant prof de français – théâtre. Celui-ci permettra à Colin d’entrer Dans la peau de Cyrano et de trouver suffisamment de confiance en soi pour déclarer sa flamme.
Oui, car t-tu vois, C-Cyrano, i-il a beau être f-fort et c-courageux, il est-est quand même un peu f-fragile à-à l’intérieur.
extrait de Dans la peau de Cyrano de Nicolas Devort
Et comprendre cela à cet âge-là, cela change tout.
Dans la peau de Cyrano de Nicolas Devort
1h15 - jusqu’au 28 avril 2024 et du jeudi au samedi à 19h, le dimanche à 15h
Le RANELAGH
5 rue des vignes, 75016 Paris
Réservations : 01 42 88 64 44 et theatre-ranelagh.com