Dans les rues de Paris, les "Night Trotters" marchent jusqu’au bout de la nuit

Avec son club de randonnée nocturne ouvert à tous, les "Night Trotters", Faouzi Derbouz organise environ une fois par mois des marches noctambules à Paris et autour de la capitale. Atteint par une infection nosocomiale en 2014, il se bat pour montrer qu’"il n’y a pas de fatalité".

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Le départ est fixé à 22h, avec une arrivée prévue le lendemain vers 10h (soit 13 heures de marche, en comptant les pauses). Ce vendredi 25 février, les Night Trotters organisent la 19e édition de leurs randonnées nocturnes dans la capitale. Le parcours de 40 km, qui serpente à travers les XIXe et XXe arrondissements, passent entre autres par le quartier Rosa Parks, la place des Fêtes, la porte de Bagnolet, la porte de Montreuil, le Père-Lachaise, Belleville, Ménilmontant, les Buttes-Chaumont et Stalingrad.

Munis de bouteilles d'eau et de barres vitaminées, la vingtaine de participants prévus pour cette édition va marcher toute la nuit. Virginie, qui fait partie du groupe, est présente depuis le début du projet, en 2019. "J’ai découvert par hasard sur les réseaux sociaux, et depuis j’ai dû rater seulement deux ou trois éditions, raconte cette Francilienne de 42 ans, qui travaille dans la finance. La nuit, c’est complètement différent. On s’attarde sur des choses auxquelles on ne fait pas attention la journée. Ça permet de se libérer l’esprit, par exemple pour les gens qui ont une profession stressante."

"Il y a aussi un côté challenge, poursuit la randonneuse. C’est plus difficile de marcher la nuit, il y a toujours un petit coup de barre qui arrive vers 3h du matin, mais le collectif permet de se rebooster." Elle souligne d’ailleurs l’aspect social des marches nocturnes : "L’effet de groupe permet de se soutenir quand parfois c’est difficile, pour aller jusqu’au bout. Quand on est 20 au départ, on est en général entre cinq et sept à l’arrivée. Certains sont plus âgés, d’autres plus jeunes, certains sportifs, d’autres non… C’est aussi une richesse d’expérience, vous avez des profils vraiment différents."

Le projet est mené par Faouzi Derbouz. Cet ancien contrôleur de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem) de 44 ans a contracté en 2014 une infection nosocomiale, au cours d’une infiltration pour soigner sa lombalgie. "Un staphylocoque doré a infecté ma colonne vertébrale", raconte-t-il. Après un passage aux urgences et des poussées de fièvre, puis une intervention pour éviter la paralysie, il passe un long séjour à l’hôpital, en fauteuil.

"La nuit c’est magique"

"La maladie m’a pris deux disques intervertébraux", précise Faouzi Derbouz. Après avoir fait le tour des hôpitaux de la capitale, on lui informe en 2017 qu’il "bascule" dans le statut d’handicapé, "invalide deuxième catégorie". "On vous balance ça en pleine figure, se souvient-il. Le regard des autres change, mais le regard des médecins est aussi compliqué. On pense tout à votre place, ça a commencé à me taper sur la tête. Donc j’ai eu envie de lancer un défi avec la marche, pour montrer que ce n’était pas terminé pour moi. J’en ai parlé aux médecins. On m’a répondu que j’allais accélérer l’usage de mes vertèbres. Je n’en ai fait qu’à ma tête."

Faouzi Derbouz organise la première session nocturne de 38 km il y a presque deux ans et demi : "Je pensais qu’il n’y aurait personne, on a eu 20 participants. J’en ai bavé, j’ai souffert, mais à l’arrivée ça a été un grand bonheur." Pour marcher, il est équipé d’un corset (qu’il surnomme son "scaphandre de superhéros") et d’une béquille pour compenser son boitement. Il porte aussi un gros sac à dos pour porter un peu de matériel : "On commence toujours les marches par un feu d’artifice, puis sur le parcours on lâche une lanterne. Et à la fin on allume un fumigène, c’est un peu notre flamme olympique."

"C’est bien plus que de la marche, souligne le randonneur. On partage un effort avec des gens qu’on ne connaît pas forcément, ça crée des liens. J’attends des participants qu’ils viennent avec leur bienveillance. C’est une aventure humaine. La nuit c’est magique, il y a toujours des rencontres inattendues. Et il y a des trésors à découvrir à chaque coin de rue. A notre époque on a besoin de s'émerveiller et de retrouver son âme d’enfant. Et la nuit, les gens se confient. Après une certaine heure, le vernis commence à tomber, on a des mines fatiguées mais il y a une alchimie. Quand je vois les gens parler entre eux pendant les pauses, c’est un succès."

"Le message que je veux faire passer, c’est qu’il n’y a pas de fatalité, explique Faouzi Derbouz. La vie, c’est comme un train. Certaines épreuves vous font descendre sur le quai. Parfois, vous n’osez pas remonter. Mais on peut reprendre sa vie différemment. Votre vie sera ce que vous voudrez en faire." Aujourd’hui le randonneur se réjouit de voir les Night Trotters se développer : "Ce vendredi, il y a même une personne qui vient du Canada". A l’avenir, il réfléchit à organiser des éditions au-delà de l’Île-de-France.

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