Cela va faire le bonheur des chineurs et des collectionneurs, le marché aux puces rouvre ses allées dès demain. Les commerçants des puces s’en réjouissent mais n’en demeurent pas moins inquiets pour leur avenir économique.
Dès demain matin, il sera à nouveau possible de flâner et de dégôter "la perle rare" dans les allées du marché aux puces de Saint-Ouen. Après 2 mois de confinement, les commerçants du plus grand marché d'antiquités au monde ouvrent leurs portes. Une réouverture soumise à un cahier des charges sanitaire stricte validé par la préfecture de Seine-Saint-Denis. Sous peine d’amende et d’une fermeture administrative. Car les puces avec ses 5 millions de visiteurs par an est l'un des sites les plus visités en France. Les puces, ce sont bien souvent des allées noires de monde où il faut se frayer un passage pour accéder aux échoppes. Un joyeux bazar. Un casse-tête en cette période épidémique.
Un dispositif sanitaire strict
"On a soumis à la sous-préfecture, à la ville et à la police un protocole sanitaire sécurisant. Nous avons mis en place des sens de circulation dans les allées des marchés pour que les gens ne se croisent pas. Les magasins doivent être en mesure de proposer du gel hydro-alcoolique. Les commerçants seront masqués et demanderont à leurs clients de ne pas toucher les meubles ou les objets. Les déballages en dehors des stands sur les trottoirs ou dans les allées sont interdits", explique Alain Rodriguez, le président du Map (Marché aux puces de Saint-Ouen).Près de 2 000 personnes travaillent aux puces: artisans, brocanteurs, fripiers, vendeurs de vêtements. Sans compter les restaurateurs ou les hôtelliers.
Confinés comme beaucoup d’autres commerçants " non essentiels", les puciers se réjouissent de cette réouverture. "Cela va faire du bien moralement. Chacun est resté chez soi. Les marchands vont pouvoir se retrouver, ça fait partie de notre vie d’être sur nos stands entre nous sur les marchés" confie François Casal qui tient Les merveilles de Babellou, un commerce réputé, d’antiquités, de meubles anciens et d'objets de mode.
C’est aussi au porte-monnaie que cela va faire du bien car la situation économique de beaucoup de commerçants des puces est fragile. "Aux Puces, entre 5 et 10% de marchands sont prospères, 20% vivent confortablement mais la grande majorité vit en dessous du Smic avec des loyers qui vont de quelques centaines d’euros à 1 500 euros le stand", confirme ce brocanteur qui se dit "être une exception" aux Puces, avec sa dizaine d’employés qu’il a dû mettre au chômage technique.
20 à 30% des commerces risquent de mettre la clef sous la porte
"Beaucoup de marchands sont très inquiets, les loyers, les charges pour les employés continuent à tomber, les aides, quand les marchands ont pu y accéder, ne vont pas compenser les pertes. Nous avons des stocks que nous avons achetés et qui dorment depuis 2 mois. Nous avons enchaîné les Gilets jaunes, les grèves contre la réforme des retraites puis le confinement. Economiquement et moralement, c’est dur", poursuit-il.Selon François Casal, certains commerces risquent de mettre la clef sous la porte. Il estime que le chiffre d’affaires pourrait être amputé de 60% à 70% pour l’ensemble des commerçants. "On vent du superflu, de l’accessoire, les gens viennent pour se faire plaisir", explique t-il. Lui-même affirme avoir perdu près de 400 000 euros cette année. "J’ai peur que l’on perde 20 à 30% du nombre de marchands".
Malgré la réouverture du marché aux puces, François Casal n’est guère optimiste pour la suite. Sans touristes étrangers, japonais, chinois ou américains, l’été risque d’être dur. La moitié des ventes est faite par les touristes étrangers. Ce que confirme également Alain Rodriguez, le président du Map : "Nous nous attendons à retrouver notre clientèle francilienne et européenne. Mais la problématique, ce sont les clients étrangers, les Américains ou les Japonnais qui ne seront pas au rendez-vous dans les prochains mois".Les clients étrangers, les Américains ou les Japonnais ne seront pas au rendez-vous dans les prochains mois
Aux Merveilles de Babellou, tout est en place pour accueillir dès demain les chineurs dans de bonnes conditions sanitaires. "Nous sommes très contents de rouvrir. Même si les risques sont là. A nous de nous donner les moyens de les limiter. Nous comptons sur le respect des gestes barrières et le civisme des visiteurs", prévient François Cazal.
Ouvert aux professionnels aujourd'hui, le marché aux puces attend ses premiers visiteurs demain dès 9 heures. La moitié des magasins devrait être ouverts.