Dépassements d'honoraires : Paris se place en tête des départements où les soins sont les plus chers

Plus d'un spécialiste libéral sur deux applique des dépassements d'honoraires. Face à ce constat, l'association UFC-Que Choisir dénonce la part croissante du reste à charge pour les patients. Les médecins libéraux, eux, se défendent et demandent une revalorisation du tarif des consultation, en temps d'inflation.

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L'Île-de-France championne toutes catégories en matière de dépassement d'honoraires ? C'est en tout cas ce que révèle UFC-Que Choisir dans une étude intitulée "Stop à la médecine spécialisée à deux vitesses". Sur la base des données de la Sécurité sociale, l'association montre qu'en fonction des départements, les honoraires de certains spécialistes de santé varient "du simple au double".

Ainsi, le tarif de base d'une consultation chez un gynécologue conventionné en secteur 1 (c'est-à-dire un médecin qui ne peut pas appliquer de dépassement d'honoraires) est de 30 euros. Mais pour ceux conventionnés en secteur 2 (ce sont les médecins qui peuvent faire des dépassements d'honoraires), le tarif moyen de la consultation est de 50,6 euros. À Paris, le tarif de la consultation s'élève à 80,5 euros, ce qui en fait le département le plus cher.

Une concentration parisienne 

Pour le docteur Bertrand de Rochambeau, le président du Syndicat des gynécologues (Syngof), il faut cesser de penser que les gynécologues "s'en mettent plein les fouilles". "50 euros, c'est ce que vaut une consultation chez un spécialiste qui met tout son savoir et son expérience auprès de sa patiente", explique le gynécologue. "Notre tarif de base de 30 euros est bien moins élevé que d'autres spécialités comme la cardiologie [51 euros]. Aujourd'hui nous avons une pénurie de gynécologues car ils sont mal payés pour faire un métier à haut risque", poursuit-il. 

Pour le président du Syngof, la concentration des gynécologues conventionnés en secteur 2 à Paris tient notamment à la présence des structures capables d'encadrer leur pratique. "Les gynécologues qui réalisent des actes à haut risque partent exercer dans les grandes villes comme Paris pour bénéficier d'un haut plateau technique, c'est-à-dire de maternités où ils vont pouvoir exercer leur spécialité comme il se doit.

Inflation et immobilier : le mauvais cocktail parisien 

En matière de dépassement d'honoraires, les Hauts-de-Seine ne sont pas en reste. Quand il s'agit de consulter un cardiologue, le département décroche "la palme du tarif le plus élevé, à 77,8 euros alors que le tarif de la Sécurité sociale s'élève à 51 euros", indique UFC-Que Choisir. 

Les spécialistes en secteur 1 ont constaté une baisse de leur revenu. C'est ce qui explique le développement du secteur 2, qui donne un espace de liberté à la prescription.

Dr Vincent Dedes, président du Syndicat National des Ophtalmologistes

Que ce soit pour consulter un anesthésiste, un dermatologue, un gastro-entérologue, un pédiatre ou encore un psychiatre, Paris se place en tête des départements où les soins sont les plus chers, suivis des départements franciliens. Idem pour les ophtalmologues, dont 66% d'entre eux excèdent le tarif de base de l'Assurance maladie, avec un dépassement moyen de 13,80 euros.  

Pour le docteur Vincent Dedes, président du Syndicat National des Ophtalmologistes (SNO), cette hausse s'explique par l'inflation et l'absence de revalorisation du tarif des consultations depuis 2017. "Les spécialistes en secteur 1 ont constaté une baisse de leur revenu. C'est ce qui explique le développement du secteur 2, qui donne un espace de liberté à la prescription", précise-t-il. Une baisse de 4% en 2022, selon la Caisse de retraite des médecins libéraux. 

Pour le président du SNO, les écarts de dépassements d'honoraires entre les départements se comprennent par le coût de la vie, du foncier et l'augmentation des charges, directement répercutés sur la consultation. "Il y a environ 300 000 euros de matériels à acheter lorsqu'un opthalmo s'installe. Si ce dernier est sur une zone où le mètre carré est cher, comme en région parisienne, et qu'il se met en secteur 1, alors ce n'est plus tenable. Économiquement, ce n'est pas viable."

Lutter contre le renoncement aux soins

Ces frais additionnels ne sont pas sans conséquence. Selon un sondage réalisé par l'UFC-Que Choisir en novembre dernier, "38% des personnes s'estimant en mauvaise santé renoncent à des soins pour des raisons financières". C'est pourquoi l'association demande la réduction des écarts entre les tarifs de base et les tarifs appliqués, ainsi que la fin de la convention en secteur 2 à honoraires libres. 

Le choix de se conventionner en "secteur 2 Optam", c'est-à-dire avec des dépassements d'honoraires contrôlés, semble aujourd'hui être une solution intermédiaire choisie par de nombreux spécialistes. Elle garantit un plafonnement des tarifs de consultation et un meilleur remboursement aux patients, tout en permettant aux spécialistes de rentrer dans leur frais en étant conventionné secteur 2. 

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