Une campagne est en cours pour recenser le potentiel de géothermie de l'Île-de-France. Un million de Franciliens sont chauffés grâce à la chaleur du sous-sol. Si notre région est la plus "géothermisée" d'Europe, il y a encore du potentiel à exploiter.
À Meudon (Hauts-de-Seine), chaque soir, pendant un mois, trois camions vibreurs sillonnent l'ouest francilien. Que ce soit dans un complexe sportif, une rue ou une forêt, tous les 10 mètres, ces monstres de 30 tonnes se cabrent et posent tout leur poids sur des plaques qui font vibrer le sol quelques secondes.
Alexandre Stopin, géophysicien au Bureau de recherches géologiques et minières, accompagne ce drôle de convoi : "Les vibrations vont descendre jusqu'à trois kilomètres de profondeur, jusqu'au fond du bassin parisien. On va les enregistrer et ça va faire comme une échographie. Après avoir mis tout ça dans des centres de calcul, on va avoir une image du sous-sol".
Le but de ces manœuvres est de comprendre la constitution des différentes strates pour trouver des roches favorables à la géothermie profonde, souvent vieilles de 150 millions d'années. "Ce que l'on cherche ce sont des aquifères, donc des formations rocheuses dans lesquelles on va trouver de l'eau. Ce sont des petits pores dans lesquels l'eau va être présente, un petit peu comme une éponge. À 1 500 mètres de profondeur, on va avoir une eau à 60-70°c qu'on va pouvoir utiliser pour la production de chaleur et d'eau chaude sanitaire", explique Camille Maurel, ingénieure hydrogéologue du BGRM.
Développer les centrales dans toute la région
La chaleur de l'eau pompée en grande profondeur est transmise à l'eau du chauffage collectif grâce à des centrales géothermiques. Une énergie renouvelable, locale, avec un prix inférieur à celui du gaz. En Île-de-France, une cinquantaine de centrales existent déjà, principalement implantées dans le sud et l'est.
Dans quelques mois, les données des camions vibreurs seront traduites en carte indiquant les zones à fort potentiel géothermique pour inciter les communes à s'équiper. "En phase de chantier, on a besoin d'environ 5 000m2 pour faire le forage. En phase d'exploitation, avec la centrale, on a besoin d'environ 2 000m2 donc c'est quelque chose qui peut se trouver encore en Île-de-France en termes de foncier", assure Nathalie Hébrard, référente géothermie profonde de l'Agence de la transition écologique.
Grâce à cette campagne, l'Île-de-France espère doubler le nombre d'installations géothermiques profondes. Chaque centrale peut chauffer 20 000 habitants.