Les emblématiques kiosques à journaux parisiens sont-ils menacés ? Un projet de modernisation de ces abris de style Art Nouveau suscite une levée de boucliers dans la capitale française au nom du "charme" d'antan.
La mairie socialiste de Paris veut remplacer d'ici à juin 2019, par un modèle "innovant", ces quelque 360 kiosques, dont le modèle a été conçu au milieu du 19e siècle. Des premiers croquis montrent qu'ils conserveront leur couleur vert sapin mais qu'ils perdront leur frise en fer forgé et leur petit dôme caractéristiques.
Ce design est "sans âme" et "totalement impersonnel", il "porte atteinte à la beauté et à la spécificité de Paris", s'insurge les détracteurs du projet dans une pétition qui a recueilli plus de 40.000 signatures sur internet. "Nous sommes pour que les kiosques à journaux parisiens aient un design qui reprenne ce qui fait tout le charme du Paris Romantique cher aux touristes de France et du monde entier", réclament ses signataires.
La mairie rétorque que "plus de la moitié des kiosques actuels sont obsolètes" et qu'il faut les moderniser pour attirer un nouveau public vers la presse et surtout pour améliorer les conditions de travail des kiosquiers.
Pour cela, elle a lancé un appel d'offres remporté par La société MédiaKiosk, filiale du groupe JCDecaux et opérateur actuel des kiosques parisiens. La conception des nouveaux édicules a été confiée à la designer française Matali Crasset. Celle-ci a prévu qu'un éclairage vert ou rouge signale si le kiosque est ouvert ou fermé et d'installer des écrans interactifs à l'extérieur. Pour les kiosquiers, une caisse informatisée, un espace de rangement des effets personnels, du chauffage et une isolation ont été prévus.
Une réunion est prévue lundi à la mairie de Paris
MediaKiosk doit rendre sa copie lundi lors d'une réunion de travail à la Mairie, en présence de nombreux élus. "Si on trouve que ce qu'ils ont fait est scandaleux, on encouragera le mouvement de protestation", a mis en garde le conseiller d'opposition Jean-Baptiste de Froment.
Sur le site de la pétition, des signataires français ou étrangers soulignent qu'ils veulent défendre l'aspect extérieur des kiosques et interpellent directement la maire de Paris pointant du doigt son "obsession du béton et du verre" ou sa volonté de "marquer son passage". D'autres dénoncent la gabegie d'un projet "inutile et coûteux" qui dépasse les 50 millions d'euros.
"des plagiats d’haussmanniens"
"Il faut parfois remettre de l'objectivité dans le débat public", a répliqué dimanche la maire de Paris, Anne Hidalgo, pour qui il n'y a déjà plus "de kiosque haussmannien" à Paris. "Les kiosques que vous voyez sont des plagiats d'haussmanniens qui sont en plastique, qui ont été installés dans les années 80 et l'autre partie, les espèces de bulles en verre qui sont assez laides et qui ont assez mal vieilli, c'est ça qu'on va changer", a-t-elle dit. "Si, à l'époque d'Haussmann, on avait tenu ce raisonnement qui consiste à ne rien changer, le Paris Haussmannien n'aurait pas existé", argumente aussi son adjointe Olivia Polski.