À Vouillé, dans les Deux-Sèvres, une fois par mois, le dimanche, la bibliothèque ouvre ses portes. Elle ne fait que 12 m² et c’est l'une des plus petites bibliothèques de France.
Pour les amoureux des livres de Vouillé dans les Deux-Sèvres, c'est un moment très attendu qui n'est programmé qu'une seule fois par mois. La bibliothèque de cette commune de 3 500 habitants au sud-est de Niort n’ouvre que le premier dimanche de chaque mois et la dernière fois, c’était ce dimanche 5 janvier : « L’ouverture a été conçue ainsi, car nous n’avions ni chauffage, ni électricité », explique Rosemarie Thin, présidente de l’association qui gère le lieu.
Une bibliothèque qui a la particularité d’avoir été déclarée « plus petite bibliothèque de France », par la Bibliothèque nationale de France, même s'il en existe une autre de 9 m² en Haute-Vienne. Le bâtiment, construit en 1889 spécialement pour accueillir les livres, ne fait que 12 m² ! « À l’origine, c’est le comte Charles d’Assailly, qui habitait le château de la Salmondière qui a fait don de livres aux personnes du monde rural en 1865 », relate encore Rosemarie Thin.
Les livres de cette époque sont toujours là, mais l’association ne les prête plus. Dans ces 12 m², les trois bénévoles, qui tiennent la permanence à partir de 14 h, proposent 1 850 ouvrages : « Nous achetons 30 à 35 nouveautés chaque année », indique Francine Bravo, la trésorière de l’association. « Nous prenons beaucoup de livres assez simples à lire, car nous avons des lecteurs un peu âgés. »
Un trésor, cependant, pour La Rivière, ce hameau de Vouillé qui accueille la bibliothèque. Marcel est un lecteur assidu, il habite juste en face : « On m’a dit que j’habitais juste en face de la plus petite bibliothèque de France. Cela m’a estomaqué ! Et j’ai eu vite envie de la découvrir. Elle est très sympa et je suis très surpris de voir le nombre de volumes que l’on trouve ici ! »
Cette bibliothèque créée sous le Second Empire a attiré des générations de lecteurs parfois illustres comme Ernest Perochon, instituteur dans le village et prix Goncourt 1920.
Rosemarie Thin a plaisir aussi à ressortir les vieux registres. À l’encre noire, de jolis pleins et déliés d’une écriture d’autrefois. C’est celle de sa maman. « Elle a tenu la bibliothèque pendant la Seconde Guerre mondiale jusqu’à ce que nous déménagions de Vouillé dans les années 50 », se souvient-elle.
Cette bibliothèque n’a jamais fermé depuis son ouverture, même pendant les deux conflits mondiaux. Il n’y a eu que le Covid et ses confinements pour interrompre le service quelques semaines.
Il a cinq ans, Rosemarie Thin en a pris les commandes, dans le sillage de sa maman. « J’étais une lectrice depuis mon installation à Vouillé en 1999. J’y suis attachée et j’ai pris le relais avec grand plaisir lorsque la précédente présidente a arrêté. C’est un patrimoine en voie d’extinction qui mérite de subsister. »
Vingt-quatre adhérents
Aujourd'hui, la bibliothèque populaire de Vouillé (c’est son nom officiel) possède 24 adhérents. C’est peu. Mais elle résiste à la concurrence de sa voisine, la bibliothèque municipale, installée dans le bourg même de la commune.
Voici que 17 h arrive en ce premier dimanche de janvier. La petite bibliothèque populaire de Vouillé vient de refermer ses portes. Rendez-vous dans un mois : le 2 février prochain pour de nouvelles découvertes littéraires.