Dans un rapport très détaillé et circonstancié, l’Observatoire parisien des libertés publiques dresse un constat sévère sur les BRAV-M, au cœur de la polémique sur le maintien de l’ordre depuis le début des manifestations anti réforme des retraites. 79 pages qui décortiquent la composition, le fonctionnement et la finalité des Brigades de répression de l’action violente motorisée.
La BRAV-M est devenue en quelques semaines le symbole de ce que les manifestants reprochent aux forces de l’ordre : une violence imprévisible et gratuite qui frappe au hasard dans les cortèges. Le rapport de l'Observatoire parisien des libertés publiques (OPLP) ne risque pas de modifier positivement cette image. Extraits :
Sur le mode d’action de ces brigades : le rapport indique que : « Les observations de terrain et les recherches documentaires montrent que les BRAV-M sont des unités violentes et dangereuses, promptes à faire dégénérer les situations ( …) la BRAV-M a pour objectif de pratiquer des interpellations, et elle a été dotée de l’autonomie tactique du dispositif BRAV, qui amène les responsables de terrain à prendre des décisions sans appréciation globale de la situation ». Le rapport donne plusieurs exemples de réactions à chaud des membres des BRAV-M, sans considération générale de la situation, ni volonté d’apaiser les tensions.
Sur l’encadrement des BRAV-M : elles « sont parfois dirigées par des commissaires célèbres pour des actes de violence, qui ont pourtant été médaillés, et continuent d'être envoyés en commandement sur le terrain ». Là encore, plusieurs exemples et des noms sont cités, dont celui d’un commissaire « qui s’était fait connaître du grand public par des vidéos des journalistes Rémy Buisine et Clément Lanot, qui le montraient en train de frapper avec acharnement à la matraque un manifestant tombé au sol ».
« La BRAV-M, unité qui ne regroupe qu’un nombre restreint d’agent·es, a donc dans sa hiérarchie au moins deux commissaires qui se sont rendus célèbres pour de graves manquements aux règles éthiques les plus évidentes, et aux lois qui encadrent l’usage de la force ».
« Ce qui se fait de pire dans la police »
Sur leur mode de communication : Les auteurs du rapport ont également consulté les publications faites sur les comptes Instagram ou TikTok de membres de BRAV-M, et noté une volonté manifeste de se mettre en scène et de mettre en avant un goût pour la violence et l’intimidation, « Le journaliste Maxime Sirvins a consacré un article à cette tendance. Il parle des « influenceurs » de la BRAV-M pour désigner ces policiers qui tiennent des comptes très actifs où ils « affichent leur goût pour la violence et les grosses motos, avec l’assentiment de leur hiérarchie ».
« En effet, la BRAV-M communique : par son style ou, directement, par les réseaux sociaux. Et le message envoyé interroge… (…) La dissimulation des visages, les puissantes motos noires, les tenues et les casques donnent donc à la BRAV-M un air inquiétant, qui constitue le premier volet de leur présence dissuasive. (…). On pourrait penser qu’il s’agit seulement, pour les BRAV-M, de « rouler des mécaniques ». Mais la symbolique est politique et, surtout, un tel « style » se retrouve dans la violence des interventions de la BRAV-M. »
Le rapport conclut : « Leur présence désormais régulière et visible lors des opérations de maintien de l’ordre participe donc à un ensemble de stratégies de maintien de l’ordre que l’OPLP dénonce, car elles ont pour effet de mettre en danger les personnes, de dénaturer les manifestations et de dissuader les publics qui souhaiteraient y participer. »
« La BRAV-M apparaît donc comme une illustration particulièrement éloquente de ce qui se fait de pire dans la police et les stratégies de maintien de l’ordre françaises. Pourtant, ce dispositif se déploie déjà hors manifestation, notamment en Seine Saint-Denis, et semble servir de modèle pour la création de nouveaux dispositifs », s’inquiète l’Observatoire.