La tour Montparnasse fête ses 50 ans cette année. Péché d'orgueil pour certains, pépite d'ingénierie pour d'autres, découvrez les figures qui se cachent derrière l'histoire de ce monument emblématique de Paris qui ne laisse personne indifférent.
La tour Montparnasse a réussi à conquérir le ciel mais jamais le coeur des Français. Seuls les professionnels saluent la prouesse technique derrière le projet politique. Incarnation d'une toute puissance américanophile, elle s'impose dans la ville comme un anachronisme criant pour la plupart des Parisiens.
Et pourtant, c'est pour eux que la tour a vu le jour. Après la Seconde Guerre mondiale, des milliers de Franciliens sont en demande d'un toit. les premières tours françaises sortent en banlieue mais au coeur de la capitale épargnée, on essaye d'attirer un autre type d'habitants : les hommes d'affaires.
Un building à l'américaine
Alors que la voiture piétine déjà dans les rues étroites, il faut moderniser Paris à tout prix et le modèle dominant, à l'époque, c'est celui des Américains. Aux Etats-Unis, la logique urbaine pousse à créer une forte concentration d'activités autour des gares et Montparnasse est dans le colimateur des architectes depuis déjà plusieurs années.
C'est décidé, une tour sera construite à côté de la gare. Mais pourquoi une tour ? Qui a décidé de ce projet ? Pourquoi n'a-t-on pas organisé de concours ? Ou demandé l'avis des habitants ? Les journaux s'emparent du sujet et avant même d'être construite, la tour Montparnasse est conspuée.
Un projet inspiré du siège new-yorkais de l'ONU voit le jour mais les difficultés techniques et les conflits entre l'Etat et la SNCF vont retarder le début des travaux et obliger les architectes à repenser le plan initial. En 1968, six mois avant la démission du président de Gaulle, le permis de construire est enfin accordé mais le gratte-ciel ne ressemble en rien à ses premiers croquis. La naissance de la tour Montparnasse se fait dans la douleur, au milieu des pavés qui volent et d'un capitalisme flamboyant.
La première pierre est posée en avril 1970, l'inauguration se fera trois ans plus tard, le 18 juin, n'en déplaise aux boudeurs de la politique gaulliste. L'entreprise est un succès immédiat auprès des entreprises, 7 000 personnes y emménagent en six mois et découvrent les open-spaces et les cloisons mobiles. Au rez-de-chaussée, 63 boutiques ouvrent leurs portes.
La descente aux enfers
Mais alors que tout semble sourire au quartier Montparnasse, un nouveau président arrive au pouvoir et manque de pot, Valéry Giscard d'Estaing déteste les tours. Il lutte contre les promoteurs immobiliers et la grande transformation s’arrête net. Reste alors, seule, cette haute tour autoritaire, sombre et sans réelle utilité publique, qui n'héberge que des grandes entreprises dans une France alors en crise.
La tour Montparnasse voit alors défiler les présidents sans jamais retrouver ses tous premiers émois. Elle réussit à faire face au changment de siècle mais en 2005, l'Agence Régionale de Santé retrouve de l'amiante dans ses murs. Coût de l'assainissement : 110 millions d'euros. C'est alors la première fois que la question se pose haut et fort : faut-il détruire cette tour ?
Si cet événement aurait pu sonner le glas du gratte-ciel, il voit étrangement surgir des défenseurs de la tour mal-aimée. Le désamiantage prendra du temps mais sera également à l'aube d'une volonté nouvelle : redorer l'image de la tour Montparnasse et la rendre irréprochable.
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