De l’épuisement physique à la lassitude globale : Georges Vigarello, historien de la fatigue

Ressentir la fatigue est une expérience banale, mais qui prend de plus en plus de place dans les vies des citadins franciliens pressés et stressés. L’historien Georges Vigarello s’est penché sur la question de la fatigue à travers les âges. Il en parle dans le documentaire « Je suis fatigué.e » diffusé ce jeudi sur France 3 Paris/Ile-de-France.

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C’est en 2020 que l’historien Georges Vigarello a publié son « Histoire de la fatigue » (Editions du Seuil). Cet auteur connu notamment pour ses écrits sur le corps et l’hygiène, s’est penché sur ce « phénomène d’actualité » qui prend une place grandissante dans la vie moderne, alors que les conditions de vie n’ont jamais été aussi confortables, surtout si on les compare à celles connues au moyen-âge.

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Georges Vigarello et la notion de fatigue au Moyen-âge ©France 3 PIDF

Pourquoi est-on si fatigué aujourd'hui?

Selon Georges Vigarello, les réponses à cette question sont multiples, tout autant que les types de fatigues. Le fait d’être présent pendant de longues heures au travail par exemple, même assis et au chaud, peut entraîner l’engourdissement du corps. Dans ce cas-là, c’est le confort qui engendre la fatigue. De même, la diversité des tâches demandées dans tel ou tel emploi, peut finir par submerger l’esprit, et donner le sentiment d’avoir atteint ses limites en termes de « charge mentale ».

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Georges Vigarello: la génèse de la fatigue mentale ©France 3 PIDF

Dans la société actuelle, qui met en valeur à ce point l’autonomie de l’individu et l’affirmation de soi, tout ce qui pose des limites ou des contraintes a tendance à devenir très rapidement insupportable. « Si l’affirmation est empêchée, cela crée une souffrance psychologique qui se traduit par le sentiment d’une impuissance qui relève finalement de la fatigue » ajoute Vigarello. Une impuissance qui peut mener parfois au burnout.

Un changement radical de la sensibilité 

Mais le grand changement par rapport à « l’ancien temps », c’est « l’avènement de la psychologie à la fin du XIXe siècle, qui a beaucoup aiguisé nos sensibilités. Nous sommes maintenant nettement plus à l’écoute de ce que l’on ressent que nos ancêtres. Cela nous rend plus à l’affût de nos inconforts, de nos impossibilités. Il faut dire aussi qu’on les supporte moins bien aujourd’hui » explique l’historien dans un entretien au magazine L’actualité.

Pour l’historien, l'omniprésence actuelle de la fatigue constitue une phénomène qu’il faut analyser de plusieurs points de vue : historique mais aussi biologique, psychologique et sociologique.

Un défi relevé par la réalisatrice Lucia Sanchez, auteure du documentaire "Je suis fatigué.e" diffusé ce jeudi 20 avril sur France 3, aux alentours de 23 heures.

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