Si vous pensiez tout savoir sur le dogsitting, c'est que vous n'avez jamais rencontré Dogman. Il sillonne les rues de Paris entouré de sa meute, au-delà d'un travail, il en a fait un style de vie. Toki Woki est allé se balader avec Thierry Cetoute aka. Dogman.
Bonjour Thierry, tu peux te présenter ?
Thierry Cetoute : J'ai 39 ans. Je suis né à Paris et je suis promeneur de chiens, à vélo et en longboard. Souvent, dans la rue, on m'appelle Dogman.
Tu aimes ce surnom ?
Thierry Cetoute : Il ne me dérange pas, ça représente bien ce que je suis. Il y a des gens qui me disent que je distribue du bonheur le matin, que je les fais sourire. Être en capacité de faire sourire les gens, c'est quand même assez gratifiant.
C’est quoi, ton travail ?
Thierry Cetoute : Mon boulot est tout simplement d’aller récupérer les chiens chez eux ou au travail de leurs maîtres, et de leur permettre de se dépenser par le biais de déplacements urbains. Du coup, j’en profite pour allier mes deux passions, le vélo et les chiens. Comme ça, tout le monde est content.
C’est quoi, ta spécificité ?
Thierry Cetoute : Mon truc à moi, c'est d'utiliser Paris comme un terrain de jeu. Le principe est de leur permettre de se dépenser en toute sécurité. Comme tu peux le voir, ils ont chacun un harnais. Ceux qui sont vraiment chauds, je leur donne une grande laisse et ils vont devant. Dès qu'ils connaissent les directions, ça passe. Sinon, ils trottent tranquillement à côté de moi.
Et tu leur parles, tu leur dis « gauche », « droite », tout ça ?
Thierry Cetoute : Tout à fait. En général, lorsque ma chienne est dans ses meilleurs jours, c’est elle qui est en tête de convoi. Sauf qu’aujourd’hui, il y a du travail à recommencer. Mais bon, je m'adapte.
À quoi ressemble ta journée classique ?
Thierry Cetoute : Il n’y a pas de journée type. Je les prends le matin entre 9h30 et 10h30, et je les ramène chez eux entre 13h30 et 14h30. Aujourd’hui, direction quai de Valmy. Comme ça, les kikis vont pouvoir détendre leurs pattes et boire un peu d'eau. Je pédale tranquillement, c’est le moment où je reprends un peu d'énergie.
Comment on se retrouve à faire ce métier-là ?
Thierry Cetoute : C'est la vie qui m'a amené à ce métier. Je m'explique : après une période difficile, je me suis retrouvé dans une situation chaotique. J'avais une sorte de bras droit, mon chien Alpha, qui
n'est plus là aujourd'hui. Grâce à lui, j'ai fait la connaissance de quelqu’un qui travaillait dans le secteur. Je l'ai observé, puis je l'ai suivi. Il m'a permis d'observer une meute au quotidien. Petit à petit, j'ai avancé dans cette voie pour en arriver là aujourd'hui.
Le rythme est intense ?
Thierry Cetoute : Ah, ça va vite ! Moi, je surfe sur la vague, je suis obligé de me calquer sur eux. C'est moi qui décide d’où on va, mais c'est eux qui me disent à quelle allure on y va. Je me contente de les guider.
Le chien de devant joue le rôle de meneur ?
Thierry Cetoute : Oui. Le chef de meute est un husky sibérien, c'est lui qui m'aide à gérer tout le groupe. Tout le monde se met au diapason avec Lucky. Il y a des conflits qu'on peut gérer juste avec la voix, mais parfois ça peut aller beaucoup plus loin parce que les chiens ont besoin de s’exprimer. Il y a une technique particulière pour les séparer en toute sécurité : il faut essayer de voir qui est le plus virulent et l'attraper par derrière, de manière à ce qu'il se sente mal à l'aise. Et dans cette position, il ne peut pas se retourner et vous mordre.
Comment les gens réagissent quand ils te voient passer ?
Thierry Cetoute : Lorsque je me déplace dans la ville, les gens sont plutôt agréablement surpris. Et en général, ils veulent toucher les chiens. Ils me posent des questions sur ce que je fais et me disent qu'ils n'ont jamais vu ça. Souvent, on me dit « J'aurais beaucoup aimé être à votre place ». Petit à petit, je suis devenu une figure parisienne. Je suis ce qu'on appelle un drôle d’oiseau.