En juillet 2008, le gouvernement annonce la fermeture de plusieurs bases militaires en France. Onze sites en Île-de-France. Coup dur pour le berceau de l’aviation, la Base 217 de Brétigny-sur-Orge ferme. Si l’armée y garde encore un pied-à-terre, ce redécoupage de la carte militaire libère 750 hectares. Aujourd'hui la Base 217 a trouvé un second souffle.
Trois cents hectares pour un euro symbolique, et Coeur d’Essonne Agglomérations, devient propriétaire de plus de la moitié du site, après le départ des militaires de la base. Pas question pour la communauté d’agglomérations de construire des logements. L’urgence, c’est bien de recréer, une activité économique après cette saignée de 6000 emplois militaires dans le département. Certains terrains sont vendus.
L’objectif est de faire venir une entreprise poids lourd, qui en attirera d’autres. C’est ainsi qu' Amazon s'installe à Brétigny-sur-Orge. Une création d’emplois, bien venue. Dans la roue de la plus grande entreprise du monde du commerce en ligne, plusieurs entreprises suivent.
Sur l’autre moitié de l’espace libéré, l’État développe toujours son centre de l’Institut de recherche biomédical des armées et conserve une piste pour le plan Neptune : organisation des secours, en cas de crue de la Seine à Paris.
Au revoir les avions, bonjour les drones
Par petites touches, l’ancien espace militaire, se transforme lui aussi. D’autres objets volants ont investi le lieu : les drones. En juin 2014 s'installe une école de pilotage de drones. Depuis de nombreux professionnels du secteur, se sont fixés sur l’ancienne base militaire pour former un "hub" drones.
Le site a retrouvé avec les drones, une activité aérienne, dans la lignée de l’histoire de la base militaire 217. Celle-ci débute avec l’occupation des soldats allemands et la construction les deux pistes en béton. Après la guerre, le Centre d'Essais en Vol s’implante sur l’aérodrome. Jusqu’à sa fermeture, quasiment tous les avions ont été testés à Brétigny-sur-Orge : concordes, rafales, mirages et bien d’autres. Cette piste, de 3 km de long, et de 100 mètres de large, était la plus grande d’Europe. Elle a été le tremplin d'exploits d'aviateurs : René Leduc, Constantin Rozanoff, Maryse Bastié, Jacqueline Auriol qui a été la première à franchir le mur du son.
Le pari de la biodiversité avec la ferme de l'Envol
Aux côtés des drones, une ferme un peu particulière a poussé. Plusieurs agriculteurs ont fait ce pari fou : créer une exploitation agricole, respectueuse de l’environnement et des hommes. La ferme de l’Envol, c’est son nom, prône l’agroécologie, contraction d'agriculture et d'écologie. Un concept et des pratiques basés sur des connaissances de l’écologie scientifique pour une production agricole. Des légumes de plein champs et des légumes de serre y sont cultivés.
Les clients sont pour 30% des Amap, des groupes de consommateurs qui s’engagent à acheter les productions et donc garantir une certaine trésorerie. Des restaurateurs misent sur ce modèle qui leur fournit des produits de très bonne qualité. Aujourd’hui, les agriculteurs vendent même directement à la sortie des gares RER pour majorer leur marge.
Dans cette exploitation, les agriculteurs sont salariés et donc bénéficient des prestations sociales. Leur salaire est garanti, leurs vacances, leur retraite aussi. En finalement très peu d’années, ces paysans ont réalisé d’énormes investissements. Le pari économique n’est pas gagné, celui de la production de qualité, l’est. L’avenir est encore à inventer.
"Silence, on tourne"
300 hectares, c’est immense. Mais, c’est à la mesure du septième art. Certains réalisateurs l’ont compris. À quelques kilomètres de Paris, des studios, des décors sont précieux. Le cinéma, c’est une des nouvelles vocations de l’ancienne base militaire. Entre octobre et novembre 2017, la base a accueilli le tournage du film d'époque L'Empereur de Paris de Jean-François Richet, sorti en 2018. Astérix, avec Guillaume Canet, a suivi. 20 hectares sont consacrés à la production de films français, le lieu étant communément appelé "Hollywood sur Seine". Un pied de la tour a été reconstruit pour le film Eiffel.
Download Festival, Gims, la fête de l’Huma : tous se sont installés dans cet immense espace à Brétigny-sur-Orge. L’évènementiel, les concerts géants, c’est un volet supplémentaire de la deuxième vie de la Base 217. Un autre destin qui n’a pas fini de s’écrire et qui nous promet peut-être d’autres surprises.