Colère des agriculteurs. Taxis, artisans, commerçants face aux blocages : "Il y a les ralentissements, moins d’approvisionnement mais on les soutient"

Ils n'ont pas d'autre possibilité que de prendre leurs véhicules pour aller travailler. C'est même leur outil de travail. Comment les professionnels, taxis, artisans et commerçants s'organisent-ils face aux points de blocages des agriculteurs en Île-de-France ? Nous leur avons posé la question.

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Des routes bloquées, d’autres embouteillées. Depuis quelques jours, les automobilistes n’ont d’autre choix que de prendre leur mal en patience en Île-de-France.

Sur l’A6, coupée à hauteur de Chilly-Mazarin en raison d'un barrage, plusieurs kilomètres de bouchons ce mercredi matin. Pour contourner le secteur, les usagers de la route sont priés d’emprunter des déviations au niveau de Savigny-sur-Orge, quitte à perdre un temps précieux pour se rendre au travail. Pourtant, pas d'énervement ou de coup de sang au volant. Près de deux semaines après le début du mouvement des agriculteurs, le soutien est unanime chez les conducteurs interrogés. "Ça fait deux heures que je suis parti de Montargis. Mais je suis complètement d’accord avec les agriculteurs même si c’est chiant pour nous. On est avec eux." Un avis que partage cet autre automobiliste parti depuis une heure et demie de chez lui. "Je vais être en retard à ma formation à Paris, c’est une journée galère. Mais si ça peut bouger grâce aux agriculteurs, tant mieux."

"Courage à eux"

À quelques kilomètres de là, devant le marché de Rungis, la file des véhicules s’allonge. Les agriculteurs ne sont pas encore là, mais les contrôles de police ont été intensifiés. Vérification des badges et des identités, inspection des camions : les forces de l’ordre sont tatillonnes. "C’est un peu compliqué en ce moment", confirme avec le sourire cette charcutière coincée dans sa camionnette à quelques dizaines de mètres des grilles. Il y a les ralentissements, moins d’approvisionnement, mais c’est pas grave, on les soutient. Courage à eux !"

Pour éviter ces longues heures passées dans la circulation, certains professionnels se sont organisés dès ce week-end, comme Marie, fleuriste dans le centre de Paris. Elle se rend d’ordinaire trois fois par semaine à Rungis pour acheter sa marchandise. Cette fois-ci, elle a anticipé ses achats en se rendant dimanche soir au marché, à l'instar de beaucoup de ses collègues. Pas de quoi tenir toute la semaine cependant. Hier, après avoir reçu une commande importante de dernière minute, elle a décidé de se faire livrer en boutique. "Il n’y a eu aucun problème. Les camions sont arrivés sur le marché avec deux heures de retard, mais ils ont fait le maximum à Rungis pour rattraper le temps perdu. Tout le monde avait sa marchandise en temps et en heure." La commerçante ajoute soutenir elle aussi le mouvement des agriculteurs. "Pour l’instant, ils font ça de manière raisonnable et intelligente avec des opérations escargot et pas de réels blocages. Cela n’a pas d’impact sur nous, on verra dans les prochains jours."

"On fait des kilomètres en plus pour ne pas se jeter dans la gueule du loup"

Pour Ramiro de Passos, artisan taxi, pas de conséquence non plus sur son activité. "On a des outils de travail pour contourner les bouchons comme Waze ou des groupes WhatsApp sur lesquels on échange entre taxis. On fait des kilomètres en plus pour ne pas se jeter dans la gueule du loup. Ça fait forcément des factures plus conséquentes pour les clients à qui on explique la situation."Comme beaucoup de ses collègues, le chauffeur note toutefois une légère baisse des réservations et s'étonne de voir une capitale quasi déserte. "Il y a beaucoup moins de circulation dans Paris. Je suppose que les gens qui le peuvent ont dû rester en télétravail.

"Moins de clients également dans les aéroports selon Rabah Toursel du syndicat Force Ouvrière Taxis. "C'est très très calme. Par peur d'être coincés dans des bouchons, les voyageurs doivent prendre les transports en commun", selon lui.

De quoi décourager certains indépendants qui habitent plus loin en Île-de-France, comme Arnaud Desmettre. Le secrétaire général de l’association des VTC de France a restreint son activité autour de Fontainebleau. "Nous avions déjà une baisse d’activité ces dernières semaines, ça ne s’arrange pas. Certains collègues restent à la maison, moi j'ai limité les secteurs où je travaille." Chaque matin, Arnaud Desmettre surveille l'état du trafic routier avant de s'engager sur la route, quitte à refuser les courses qui le rapprocheraient trop de Paris. "Je ne vais pas m’amuser à tenter de battre mon record de 3h15 pour aller de Fontainebleau à Paris, ce n’est pas rentable. Mais malgré la très grosse perte financière, je ne peux qu’applaudir leur mouvement. On est tous solidaires. Ils font ce que nous aurions dû faire depuis longtemps car nous aussi nous connaissons de graves difficultés."

Une situation qui inquiète la Fédération nationale des transports routiers. S'il est encore trop tôt selon elle pour tirer un premier bilan des pertes financières liées aux retards de livraison, l'organisation demande que la liberté de circuler soit respectée. "Il faut que les accès aux autoroutes soient ouverts et garantis, ce qui n'est aujourd'hui pas le cas partout, même si en Ile-de-France, pour le moment, les camions ont encore la possibilité d'emprunter des itinéraires bis."

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