Alors qu'un premier cas du nouveau variant du virus mpox (ou Monkeypox) a été identifié en France, en Bretagne, faut-il s'inquiéter en Île-de-France ? Décryptage avec Robert Sebbag, infectiologue à l'hôpital Pitié-Salpêtrière, à Paris.
Comment réagir face au premier cas du nouveau variant du mpox - le clade 1b - identifié sur le territoire national, au CHU de Rennes ? Alors que la France devient le cinquième pays européen concerné par l'apparition de cette souche depuis l’été 2024, après la Suède, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Belgique, le ministère de la Santé explique dans un communiqué publié mardi que le cas déclaré touche une personne qui a "été en contact avec deux personnes de retour d’Afrique centrale", "zone dans laquelle les différents clades de virus mpox circulent activement depuis plusieurs mois".
#Communiqué 🗞️| Face au premier cas de #Mpox de clade I b identifié en France, les autorités sanitaires rappellent l’importance de la #vaccination pour les publics cibles
— Ministère de la Santé et de l'Accès aux soins (@Sante_Gouv) January 7, 2025
"Les investigations sont en cours pour rechercher l’origine de la contamination et identifier l’ensemble des personnes-contacts à risque autour du cas diagnostiqué", note le ministère.
"Une maladie relativement récente"
"Aujourd'hui il n'y a pas d'inquiétude particulière à avoir, il n'y a pas de risque épidémique en France, mais il faut être prudent", explique Robert Sebbag, infectiologue à la Pitié-Salpêtrière, tout en appelant à "la prudence et l'information". "Le monkeypox - le nom donné à la variole simienne pour ne pas stigmatiser les singes - est une maladie relativement récente et a d'abord beaucoup sévi en Afrique, rappelle le médecin. Le premier cas humain date de 1970, en République démocratique du Congo, ex-Zaïre. La transmission vient de singes mais surtout de rongeurs."
Comme le résume l'Agence régionale de santé (ARS) Île-de-France, "l’infection par le mpox peut provoquer une éruption vésiculeuse, faite de vésicules remplies de liquide qui évoluent vers le dessèchement, la formation de croûtes puis la cicatrisation", et ce "sur le visage, dans la zone ano-génitale, les paumes des mains et plantes des pieds", ou encore "sur le tronc et les membres". Des symptômes qui peuvent "s’accompagner de fièvre, de maux de tête, des courbatures et d’asthénie", et de démangeaisons.
L'ARS précise que la transmission entre humains peut se produire via :
- "Un contact étroit et direct avec cette personne via les lésions cutanées (plaies, croûtes), les fluides corporels (sang, salive, sperme), ou les muqueuses (bouche, anus, orifices naturels produisant du mucus)"
- "Un contact prolongé (à moins de 2 mètres pendant 3 heures) au travers de sécrétions respiratoires (postillons et micro-gouttelettes projetés dans l’air lors d’un échange avec une personne)"
- Ou "un contact avec des objets ou du linge contaminés par la personne"
Un variant "plus contagieux"
Le ministère de la Santé rappelle que depuis 2022, le clade II b, un autre variant du virus, "circule à bas bruit en France" : "en 2024, 215 cas de mpox (...) ont été déclarés à Santé publique France, avec en moyenne 3 cas déclarés par semaine en fin d’année". "On a eu beaucoup de cas en 2022 à la Pitié-Salpêtrière, se souvient Robert Sebbag. Pour le cas qui vient d'être identifié en Bretagne, il s'agit d'une souche différente. Il y a eu une très belle prise en charge des associations LGBT. Ce nouveau variant, la souche 1b, est plus contagieux."
"Les cas mortels de mpox concernent une population extrêmement défavorisée avec des troubles immunitaires en Afrique, notamment des enfants en situation de malnutrition, avec des co-infections", souligne le médecin. L'infectiologue note toutefois que "les manifestations cutanées, qui peuvent guérir spontanément, peuvent être douloureuses avec un risque d'infections". "La guérison se fait en 2 à 4 semaines, avec la formation de croûtes qui disparaîtront ensuite", selon l'ARS.
"Il ne faut pas avoir peur, mais il faut être conscient que des cas peuvent survenir. Il faut informer les médecins, qui doivent réagir en cas d'apparition de fièvre et d'un certain nombre de pustules cutanées, et recenser les personnes-contacts. Il faut isoler les personnes atteintes, et vacciner aussi les contacts. Ce n'est pas un vaccin répandu, c'est accessible sur demande, mais on a des quantités suffisantes en France", détaille Robert Sebbag.
Vaccination et gestes barrières
Selon le ministère de la Santé, "la France dispose d’une stratégie de réponse, régulièrement réévaluée depuis 2022, reposant sur la surveillance (...), la prévention, le diagnostic, la prise en charge des cas et des contacts, ainsi que sur la vaccination gratuite des publics cibles et des contacts". "Les autorités sanitaires rappellent l’importance de la vaccination pour les publics cibles", souligne le communiqué.
La vaccination concerne "les personnes-contacts à risque autour d’un cas de mpox", "les personnes ayant des liens étroits avec les pays d’Afrique centrale où circule activement le virus", et "les personnes à haut risque d’exposition". Le ministère liste :
- "Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) rapportant des partenaires multiples et les personnes trans rapportant des partenaires multiples"
- "Les travailleurs et travailleuses du sexe"
- "Les professionnels des lieux de consommation sexuelle"
- Et enfin "les partenaires ou personnes partageant le même lieu de vie que celles à haut risque d’exposition susmentionnées"
Le communiqué ajoute que "pour les voyageurs en provenance ou à destination d’Afrique centrale, il est recommandé d’appliquer les gestes barrières" - soit "se laver fréquemment les mains", et "éviter les contacts avec des personnes infectées (...), avec les objets potentiellement contaminés par ces personnes (les vêtements, le linge de maison ou la vaisselle), ainsi qu’avec les animaux et particulièrement les rongeurs". À noter qu'un numéro vert existe pour obtenir des informations, en contactant le 0 801 90 80 69.