Alors que l’Île-de-France reste le principal foyer de contamination du "Monkeypox" dans le pays, Sébastien Tuller, un habitant de Vincennes (Val-de-Marne) qui a contracté la maladie cet été, témoigne. Il appelle à agir efficacement contre le virus "avant qu’il ne soit trop tard".
Alors que le centre de vaccination du 13e arrondissement de Paris est aujourd'hui saturé, Sébastien Tuller, un Francilien aujourd'hui guéri du Monkeypox, revient sur ses trois semaines d’isolement. "Le premier week-end de juillet, les premiers symptômes sont apparus : des boutons sur mon corps, sur mes parties génitales, mes bras et mes jambes", raconte-t-il.
"J’ai appelé le 15 pour savoir ce que je devais faire. On m’a juste dit de faire un test pour les infections sexuellement transmissibles (IST). Je pense qu’on m’a juste proposé ce test parce que j'ai dit que j’étais homosexuel. En fait, à l’évocation des symptômes, ils auraient dû m’orienter vers un test PCR du Monkeypox", explique l’homme.
"A la fin du weekend, tous les autres symptômes sont apparus : ganglions très gonflés, fatigue, courbatures, fièvre, maux de tête. J’ai rappelé un médecin qui m’a dit d’attendre les résultats du test IST avant de faire quoi que ce soit. Sauf que le lundi matin je devais aller travailler, avec le risque de contaminer des collègues, donc j’ai préféré aller moi-même aux urgences, à Saint-Antoine. Le médecin m’a dit tout de suite que c’était le Monkeypox, et qu’il fallait que je m’isole tout de suite", poursuit-il.
Sébastien Tuller décrit ses trois semaines d’isolement comme "difficile" psychologiquement. "J’ai passé la première semaine principalement au lit. Mais en discutant avec d'autres malades, je trouve que j’ai eu pas mal de chance, j’ai échappé à des formes plus graves. C’est une maladie qui est peu mortelle, mais ça peut être extrêmement douloureux, avec même des difficultés pour respirer et avaler. Il ne faut pas la prendre à la légère", souligne-t-il.
"Le Monkeypox peut toucher n'importe qui, peu importe son orientation sexuelle"
"J’ai eu la chance de ne pas avoir eu d’errance médicale trop longue, mais la plupart des témoignages montrent que, souvent, un test IST est prescrit et fait perdre 72 heures. A l’issue des 72 heures, on fait notre recherche d’autres symptômes. Au début, il y avait vraiment une méconnaissance du Monkeypox. Il faut améliorer la prévention et la sensibilisation au virus, pour qu’on perde le moins de temps possible", affirme-t-il.
Le Francilien explique n’avoir "aucune idée" de la manière dont il a contracté le virus. "Ça se transmet par contact rapproché. La pratique sexuelle est un contact rapproché qui facilite la transmission, mais il y a plein d’autres façons de contracter le virus. Et malheureusement, le préservatif ne suffit pas", indique-t-il.
L’homme déplore la stigmatisation qui vise la communauté homosexuelle, première touchée par le virus. "Le Monkeypox peut toucher n'importe qui, peu importe son orientation sexuelle ou son identité de genre", souligne-t-il. Sébastien Tuller appelle enfin à accélérer la vaccination : "On a l'expertise du Covid et l’expérience de la lutte contre le VIH. On a toutes les capacités pour contenir cette épidémie le plus vite possible. Il faut s’y attaquer avant qu’il ne soit trop tard."
Selon les chiffres de l’Agence régionale de santé (ARS), on comptait plus de 1300 cas de Monkeypox en Île-de-France fin juillet. La région parisienne représente le premier foyer de contamination en France, avec entre 60 et 70 nouveaux cas par jour.