Une précédente expertise avait conclu à la responsabilité de la mairie de Paris et du syndic d'un immeuble. Une rupture de canalisation de gaz le 12 janvier 2019 avait provoqué la mort de 4 personnes et blessé 66 autres.
Loin d'éclaircir le drame, cette nouvelle expertise vient assombrir les causes de cette explosion. La précédente, datée du 30 mai 2020 (et commandée par les juges d'instruction dans le volet pénal de l'affaire) relève un "défaut de vigilance et de technicité de la voirie" de la ville de Paris, estimant que "l'explosion aurait pu être évitée" si la cause de l'affaissement du trottoir devant l'immeuble où elle s'est produite avait été recherchée en amont par la municipalité.
Le samedi 12 janvier 2019, cette explosion avait tué quatre personnes (dont deux pompiers) dans cette rue du IXe arrondissement. Outre les victimes, environ 400 personnes avaient été sinistrées.
La nouvelle expertise, datée du 28 juillet 2021, affirme que "l’origine du sinistre soit à rechercher en surface, en voirie. À ce niveau-là, plusieurs questions se posent : l’état de la canalisation de gaz, un possible phénomène d’altération en relation avec d’anciens réseaux qui la croisent, la date des désordres sous voirie, l’origine de l’étonnant état de décompaction des remblais", selon Le Parisien qui a pu la consulter.
L'auteur de ce document a été missionné par le tribunal de Paris pour expertiser les sols de la rue de Trévise, à la demande de Generali, qui assurait l’immeuble du 6, rue de Trévise, (dont le syndic a été mis en examen). "La recherche du ou des moteurs de décompaction des remblais du site est à rapprocher d’un événement sur trottoir ou au niveau du caniveau", explique le géotechnicien.
Cette expertise ne vient pas changer le cours du procès au pénal, où la mairie de Paris ainsi que ce syndic de copropriété ont été mis en examen pour "homicides et blessures involontaires", "destruction", "dégradation ou détérioration par l'effet d'une explosion ou d'un incendie.
Dans l'attente d'indemnités
Du côté des victimes, la pilule reste difficile à avaler. "Cela me conforte dans l'idée que la Ville est toujours impliquée. Le pénal c'est une chose, le civil, c'en est une autre. Mais à chaque fois dans les réunions que nous avons pu avoir, la seule qui bloque, c'est la ville de Paris", estime Véronique Zedde, victime de la rue de Trévise.
Car depuis bientôt trois ans, les personnes qui ont été touchées par ce sinistre, n'ont pas, ou presque, reçu d'indemnités. "Ce que l'on cherche, c'est que les victimes qui sont blessées puissent être indemnisées et suivies à la hauteur de leur préjudice, que l'on puisse avoir un accord cadre d'indemnisation sans attendre le procès", indique Dominique Paris, présidente de Trévise ensemble.
Le 8 décembre prochain, une médiation aura lieu avec l'ensemble des acteurs cités dans le dossier (seule une entreprise a refusé d'y assister). La mairie de Paris a accepté d'y participer. "À chaque fois, on nous dit : 'dans quelques mois'. Avec la médiation, on nous parle du mois du décembre. C'est intolérable pour les gens qui vivent ce drame-là, qui sont encore handicapés", poursuit Véronique Zedde.
Pourquoi de tels atermoiements pour le versement de cette indemnisation tant attendue ? Car elle pourrait se chiffrer en dizaines de millions d'euros. Certains évoquent même le chiffre de 300 millions d'euros.