Tous les véhicules de la catégorie L (dont les motos et scooters) doivent passer un contrôle technique à partir du 15 avril. Les premiers concernés sont les propriétaires de véhicules immatriculés avant le 1er janvier 2017.
Ils sont des milliers à manifester avec leur engin sur l'avenue Foch à Paris, les organisateurs évoquent même le chiffre de 10 000 participants avec pour mot d'ordre : non au nouveau contrôle technique imposé aux deux-roues motorisés.
Car les plus de trois millions de véhicules de catégorie L (les scooters, motos, tricycles ou voitures sans permis) échappaient jusqu'ici au contrôle instauré en 1992 pour les voitures.
Ils doivent désormais passer par 78 points de contrôle. Freins trop usés, guidon flou, fuites, pneus lisses : 87 défaillances majeures impliquent une contre-visite, soit de revenir dans les deux mois suivants avec le véhicule réparé. Le contrôle du bruit mais aussi du bridage du véhicule, souvent contourné par les scooters, ne seront effectifs qu'à l'été 2025.
"On veut nous imposer un contrôle technique au nom de la sécurité routière alors que toutes les statistiques vont dans notre sens. Dans les années 1992, plus de 17% des véhicules étaient impliqués dans un accident grave à cause de leur mauvais état. En deux-roues motorisés, ce n'est pas du tout le cas. D'après les statistiques de la Mutuelle des motards qui est une assurance spécialisée moto, c'est 0,3% des véhicules impliqués dans un accident", peste un représentant de la Fédération française des motards en colère (FFMC).
Les anciens véhicules en priorité
Les premiers véhicules à passer au contrôle sont ceux immatriculés avant le 1er janvier 2017 (ils ont jusqu'au 14 août). Tous ces véhicules de catégorie L doivent également passer l'examen en cas de revente.
Cette mesure a déjà poussé de nombreux motards à revendre leur engin avant la date butoir, contribuant à doper le marché de l'occasion au premier trimestre 2024 (+6% sur un an), selon l'assureur Solly Azar.
Désormais, tous les véhicules de catégorie L doivent être contrôlés tous les trois ans. Les conducteurs sans contrôle technique à jour risquent une amende de 135 euros ou une immobilisation du véhicule.
Mortalité en baisse en Espagne
Il aura fallu dix ans et de nombreux recours pour faire appliquer cette directive européenne de 2014, déjà mise en place presque partout sur le continent avant la date butoir du 1er janvier 2022. Elle doit permettre d'augmenter la sécurité et de diminuer la pollution de ces véhicules.
En France, un premier décret avait été pris par le gouvernement en 2021 avant qu'Emmanuel Macron ne l'enterre, soucieux de ne pas "embêter les Français".
Le gouvernement avait ensuite annoncé privilégier "des mesures alternatives" telles que des campagnes de sensibilisation. Mais il a dû finalement céder en octobre 2023 sur décision du Conseil d'État.
En Espagne, depuis l'instauration en 2006 du contrôle technique pour tous les deux-roues, la mortalité a fortement baissé pour les conducteurs de cyclomoteurs, mais pas chez les motards, selon la fédération espagnole des contrôleurs.
17% des deux-roues contrôlés en 2022 ont dû passer une contre-visite, et la moitié de ceux-ci souffrait de défaillances majeures. La plupart des défauts concernait l'éclairage, la pollution ou le bruit.